Il n’y a pas si longtemps je suis tombée sur une histoire qui a beaucoup circulé sur internet de cette mère qui est partie trop vite alors qu’elle avait 2 enfants de même pas 3 ans. J’ai eu de la peine pour elle, pour ses enfants, pour son mari qui reste. Je me suis imaginé vivre la même chose, devoir dire adieu à mes enfants qui ne se souviendront jamais de moi. Car qui se souvient de ce qu’ils ont vécu à 3 ans ? Pas moi en tout cas. Alors j’ai eu envie de leur accumuler le plus de souvenirs de moi, de nous ensemble. J’ai eu envie d’être devant la caméra avec eux au lieu de toujours être celle derrière. Mais j’ai aussi eu envie de leur écrire des lettres. Une lettre à chaque année de leur vie. Une lettre pour leur parler de l’année que je viens de passer en leur compagnie, de comment ils sont, de ce qu’ils ont fait, appris. Mais j’ai aussi et surtout envie de leur dire combien je les aime, afin qu’il ne l’oublie jamais, qu’il ne m’oublie jamais.
Puis en écrivant ces lettres, je me suis retenue d’écrire certaines choses en me disant «Ben non, tu ne peux pas lui compter la fois que tu n’en pouvais tellement plus de ses crises de terrible two que tu attendais son père sur le bord du chemin pour qu’il prenne enfin la relève et que t’ailles en pleurer un bon coup dans ton lit». Après je me suis dit «Pourquoi pas ?». Pourquoi justement je ne leur parlerais pas de tout ça, de tous ces moments qui font aussi partie de la maternité. Parce que la maternité ce n’est pas toujours rose, ce n’est pas seulement des moments de symbiose totale où tout le monde est heureux dans la maison propre et rangée avec le chant des oiseaux en arrière-plan et les papillons qui volent. Non, qu’on se le dise, mes journées sont parfois remplis de pleurs, de verre de lait échappé sur le divan, de caca qui débordent jusqu’au cou, de nourriture qui vole dans la pièce, de bleu dans le front, de crise pour avoir le verre bleu….ha non! Le verre jaune finalement !
Mais ce que je voulais qu’ils sachent surtout c’est que malgré tous ces moments, malgré toutes les fois où ils m’ont réveillée en pleine nuit et plusieurs fois par nuit, malgré tous les vomis que j’ai reçus en plein visage pendant que je leur flattais le dos afin de les calmer, malgré toutes les fois où j’ai regardé autour de moi pendant qu’ils criaient de tous leurs poumons dans un endroit public et parfois seulement pour avoir une barre tendre, malgré tous les autres moments que je n’ai pas encore vécu qui m’en feront sûrement voir de toutes les couleurs (je parle de l’adolescence ici…) je les aime, je les aime tellement. Car ils sont tout ce que j’ai toujours voulu ! Oui ! J’ai voulu vivre tout cela pour voir leur petit visage heureux et émerveillé pour de toutes petites choses, de les entendre rire aux éclats alors qu’on joue à faire la course autour de l’ilot de cuisine, de les voir se développer et apprendre jour après jour, de les voir se suspendre à moi comme un petit singe lorsqu’ils sont apeurés me sentant comme une grande forteresse sécurisante, de les entendre dire « ‘e t’aime ma’man» pour la première fois, de voir leur visage s’illuminer lorsqu’ils me voient comme si j’étais la «Queen of the world». Tout ça et tout ce qui viendra en vaut la peine.
Alors en terminant, j’espère peut-être avoir pu vous faire prendre conscience que la vie c’est fragile, que la vie passe vite et qu’on n’aura jamais assez de souvenirs, même ceux qui sont moins plaisants à ce souvenir.