Il y a quelques semaines un couple de nos amis ont paqueté les petits, déménagé pour une nouvelle vie. Naturellement ils ont appelés, parents et amis pour les aider lors de la grande journée. Ainsi, le soleil était à peine levé, qu’une délégation de pick-up, remorques, vannettes, se pointaient, prête à tout charger, empiler, transporter. Dehors les enfants jouaient, tandis qu’en dedans on entendait rire, placoter, forcer, s’essouffler, s’encourager !!! En deux temps, trois mouvements, la maison était vidée, le convoi prêt à s’ébrouer, à l’heure et dans la bonne humeur !
Ainsi les hommes ont rapatrié les grands, se sont installés au volant, puis sont partis en direction de la nouvelle maison. Tout ça sans oublier le grand panier, de sandwichs et salades qu’une grand-mère avait préparé pour le diner. Nous les femmes, ont est resté avec les petits et avons entrepris, l’abordage d’un dernier grand ménage ! À grand renfort de pshit pshit, de chiffons, et de balais on s’est employé à tout nettoyer et faire briller. Chacune d’entre nous a alors réalisé le surréalisme de la situation, de faire étinceler une habitation que l’on s’apprêtait à quitter, alors qu’il y aurait tant à faire dans nos propres maisons. Une a révélé que ses vitres auraient grand besoin d’être lavées, puisque la dernière fois datait de l’an passé, lorsque sa mère était venue la visiter ! Une autre s’est remémorée, presque à regret, comme tout était bien rangé et organisé lorsqu’ils s’étaient installés. A présent avec les enfants, c’était l’embourbement ! Puis une dernière, a listé tout ce qu’elle aimerait faire, et qui la rend amère, tellement elle est découragée juste à l’idée de s’y atteler ! Pourtant là nous étions heureuses, joyeuses, à discuter, partager, se raconter et s’entraider. Tout en nous occupant de nos petits, le travail a rapidement été fini. Mission accomplie ! On a avalé une bouchée, encore un peu placoté, puis notre amie a tourné la clef. A notre tour nous avons formé un petit convoi, avec un certain émoi.
Arrivées à destination, les gars avaient finis de décharger les camions ! Ils s’octroyaient même une petite pause, rassemblés autour d’une bière, pendant que de notre côté on commençait à déballer quelques affaires. Je reconnais, que nous avons nagé en plein stéréotype toute la journée. Mais j’avoue aussi que j’ai préféré laver le plancher, plutôt que de transporter le canapé ou faire une pause pour allaiter, pendant que les gars devaient forcer, se coordonner et rivaliser d’ingéniosité pour faire entrer le frigo, trop gros! Ainsi au fil de l’après-midi, les assiettes ont gagné leurs tablettes, les vêtements la penderie, les couettes et les oreillers les lits et les enfants se sont fait de nouveaux amis ! Faut dire qu’à dix plus le chien, ça menait du train ! Une maman est même allée rassurer les voisins quant à tout se tintouin !!! On n’a allait pas tous rester, dans le quartier !!!
Tout en déballant, rangeant, déplaçant et transportant, on a continué de se raconter, de partager. Ce fut l’occasion de beaucoup de sourires et de souvenirs, d’idées et de projets, de belles émotions et de résolutions : pas besoin de déménager, pour s’appeler et s’aider ! Mais voilà, tout à notre enthousiasme d’être rassemblées, on avait oublié pendant un instant à quel point c’est difficile de demander, d’oser demander. Comme si dans le fait de demander il y avait une incapacité cachée, une peur d’être jugée ou de déranger. On s’est quand même promis d’essayer. D’oser s’appeler pour partager nos corvées!
L’air de rien on avait passé une très belle journée.
Une journée de complicité où il faisait bon se sentir entourée, intégrée dans une communauté.
Le soleil se couchait et une nouvelle vie pouvait commencer, confortablement installée.