Je me sens coupable de les aimer mal ou trop bien.
Je me sens coupable de les aimer trop ou pas assez.
Je me sens coupable de ne pas être à la hauteur ou de viser trop haut.
De n’être pas assez présente. D’être tout le temps là.
Je me sens coupable quand j’interviens et je m’en veux quand je n’interviens pas.
Je me sens coupable quand je n’ai pas le temps de cuisiner et je m’en veux quand on mange moins bien.
Mais surtout, vous savez de quoi je me sens le plus coupable? D’écouter tous ceux qui disent ce que je dois faire et qui sont, eux, coupables d’être intransigeants.
Peu importe ce que l’on fera, ou ne fera pas, il y aura toujours quelqu’un pour dire que ce n’est pas suffisant. Il y aura toujours quelqu’un pour nous rendre coupable. Et puis au fond, je me demande : De quoi suis-je vraiment coupable?
La réponse est simple : Je suis coupable d’amour!
Je n’étais pas parfaite et je ne le deviendrai pas. Je faisais des erreurs et j’en ferai encore. J’étais fatiguée et je le suis encore plus.
Je me trompe plus que je ne le voudrais. Mes mots ne sont pas toujours les bons. Parfois, je me sens fâchée et dépassée. Je les laisse jouer dans leur chambre quand je n’ai plus l’énergie pour faire des petits blocs. Je cuisine des crêpes et des gaufres quand c’est plus simple pour le souper. Il m’arrive de faire semblant d’écouter, de lire au lieu d’entendre, ou de dire n’importe quoi quand je n’ai pas de réponse. Je leur demande de dormir quand c’est moi qui est fatiguée. Je vais dehors quand j’ai besoin de silence. Je ferme les yeux pour ne pas les regarder quand ils sont sales.
Et puis, au-delà de ce que je fais de moins bien. Il y a surtout toutes les fois où je les console quand ils se blessent. Quand je fabrique une cabane pour les oiseaux qu’ils espèrent. Quand je m’assois au sol pour la construction du pont de train. Quand je les laisse jouer dans la farine pour faire les biscuits. Quand je prends la route pour leur cours du mardi soir. Quand je discute des projets qu’ils ont. Quand je cherche la réponse à leurs interminables questions. Quand je m’excuse pour mes erreurs.
Pour toutes les fois où j’ai été ce que je souhaitais être. Où je n’étais peut-être pas à la hauteur, mais où j’ai fait de mon mieux.
Ils se souviendront que je les aime quand je ne pourrai plus leur dire. Parce que mes gestes leur auront appris qu’au-delà de tout ce que je n’ai pas su faire, il y a tout ce que j’ai fait. Parfois bien, souvent un peu croche, mais toujours avec amour.