Il y a quelques jours, je me suis mise en pleurer en regardant notre portfolio de l’an dernier. Toutes les sorties, les rencontres, les découvertes, la fluidité de nos apprentissages, l’étendu des possibilités. J’étais si fière d’offrir à mes enfants une vie riche, remplie d’aventure, de projets. Tout ça s’arrête le 8 mars 2020. La dernière fois que nous sommes allés à Montréal pour participer à une activité où les humains avaient des échanges chaleureux, dignes et naturels.
On a joué à des jeux de société avec des gens qu’on ne connaissait pas. On a ri. On a partagé le même matériel. On s’est même effleuré. On a pu profiter des expressions faciales de nos adversaires pour espérer gagner.
Là, c’est fini tout ça. C’est fini le partage. Fini la proximité. Fini les sourires. Fini la simplicité des échanges humains. Fini le beau tissus social.
J’ai bien essayé d’aller au musée depuis mais non ! Ne touchez pas ceci. Cette section est fermée. La borne interactive n’est plus en fonction. Madame ! Vous devez suivre les flèches. Pardon ! Je n’ai pas entendu ce que vous disiez à cause de votre masque. Restez sur votre pastille. C’est bon maintenant vous pouvez aller sur l’autre pastille. Non ! Il n’y a rien de nouveau…Vous savez… Avec la Covid… Non ! Ce n’est plus agréable les sorties culturelles. D’ailleurs est-ce la fin de la culture ? On dirait que oui.
Et ça, c’est sans parler de la division qui règne entre ceux qui ont peur de vivre par peur de mourir et ceux qui ont peur de mourir à force de ne plus vivre.
Je me suis dit : Si moi je suis en deuil de ma vie d’avant, je n’ose pas imaginer comment se sentent les enfants dans cette nouvelle normalité édulcorée.
Puis les vidéos de la rentrée scolaire ont afflué sur les réseaux sociaux. Les témoignages tout autour aussi. Des enfants qui ne peuvent pas jouer avec les autres enfants au service de garde parce qu’ils ne sont pas de la même « classe-bulle ». Des enseignants qui ressemblent bien plus à des infirmiers des soins intensifs qu’à des éducateurs dont le mandat est d’offrir une instruction et, si possible, transmettre le plaisir d’apprendre. Des enfants à qui on demande de ne pas boire pour ne pas avoir envie d’aller à la toilette (c’est compliqué maintenant avoir des besoins physiologiques). Des petites mains brûlées par le désinfectant. Des enfants qui n’ont que 10 minutes pour avaler leur dîner en raison des rotations et qui reviennent à la maison avec leur boîte à lunch encore pleine. Qui mangent par terre sur l’asphalte loin des autres. Des enfants qui passent leurs récréations seuls dans leur carré dessiné au sol. Des écoles qui ne sortent plus rien qui pourrait être partagé, pas même un ballon. Des enfants qui se font gronder parce qu’ils ont essayé de se rapprocher de leur meilleur ami. Des enfants qui, depuis la rentrée, ont déjà plus d’un test Covid à leur actif. Des enfants bien entraînés à garder leur rang, à bonne distance des autres avec les mains croisées devant pour montrer qu’ils ne touchent à rien. Et ça continue encore et encore. C’est que le début.
Ce ne sont pas des mesures temporaires. Que la courbe des décès soit plate ou non, ce qu’on nous impose maintenant s’appelle une nouvelle norme sociale ici au Québec, comme dans bien des endroits dans le monde. Mais pas partout ! Tout dépend du style de gestion du gouvernement et de leur souveraineté devant les intérêts financiers. Certains sont plus humains que d’autres aussi. Comme dans tout et partout.
Des parents, des enseignants, des pédiatres sonnent l’alarme. Le nombre d’enfants instruits à domicile a doublé depuis l’an dernier. Les parents redoutent que les séquelles de toutes ces mesures soient importantes et permanentes. On le pressent et les chiffres nous le disent déjà. Le suicide est maintenant la première cause de décès chez les enfants de 10 à 14 ans au Canada.
Étonnement, ça ne fait pas de vagues.
Nos enfants. Ceux qu’on a voulu. L’avenir. L’espoir. Demain.
Au Québec, le Premier Ministre trouve même ça drôle les enfants tous à distance de 2 mètres les uns des autres.
L’enfance, ce petit bout d’une vie si vite passé.
Un moment d’innocence et de spontanéité.
La découverte d’un monde à explorer.
D’humains avec qui cocréer.
Certain diront que l’enfance qu’on offre à nos enfants aujourd’hui est moins pire que la guerre. Moi je dis qu’une guerre, ça s’installe petit à petit quand on demeure passif en se comparant toujours à pire.
Alors j’ai voulu entendre ce que les enfants avaient à dire sur les mesures mises en place depuis mars dernier. On dirait que personne leur donne la parole à ces enfants, ceux à qui on demande de sacrifier leur enfance pour protéger les autres. Les autres… L’ont-ils seulement demandé ce sacrifice d’une génération ?
Je vous présente donc les précieux témoignages des enfants qui ont participé à ce vox pop. Je les ai volontairement mis anonymes. Certains fréquentent l’école. D’autres vivent les apprentissages en famille.
Je n’aime pas ça quand maman met un masque.
Anonyme, 3 ans
C’est fatiguant les masques parce que c’est triste de voir les personnes avec des masques. C’est pas l’fun pour l’école.
Anonyme, 5 ans
Je trouve que les enfants qui vont à l’école, c’est triste qu’ils ont des masques.
Anonyme, 5 ans
Je trouve qu’on n’a plus notre vie comme avant. Notre vie est comme… ratée. Mais au moins, on peut faire des choses en famille.
Anonyme, 8 ans
On se lave tout le temps les mains et on met du produit qui brûle mes mains. L’école a réduit les récréations et elles sont plus courtes. Les journées d’école me paraissent maintenant très longues !
Anonyme, 8 ans
Avant, les enfants jouaient ensemble. Maintenant, on est tout seuls. Tout ce que j’aimais à l’école est fini. Les récréations sont rendues aussi plates que l’école.
Anonyme, 9 ans
Je trouve ça plate d’avoir à mettre un masque pour aller à l’épicerie parce que c’est chaud. C’est triste de voir des petits enfants avec des masques. Au sujet des amis : On invite quand même des amies.
Anonyme, 10 ans
Je n’aime pas les mesures de confinement parce qu’elles changent nos vies. Le virus n’est pas grave, maintenant c’est comme le rhume. Les masques sont dérangeants. Nous devons juste avoir une meilleure santé, et bien se nourrir, pour mieux combattre les virus.
Anonyme, 11 ans
Je n’aime pas les mesures de confinement parce que ce n’est pas bien. Le virus ne fait pas grand chose et les masques ont des trous, ils laissent passer le virus et ils ne servent à rien.
Anonyme, 11 ans
Avec toutes les règles, ce n’est plus une vie. C’est comme de la survie. À chaque fois qu’on nous rajoute des règles, c’est comme si on nous tuait un peu plus.
Anonyme, 12 ans
Je trouve ça un peu démoralisant de voir les gens si paranoïaques d’une simple grippe moins dangereuse que plein d’autres grippes, qu’on met des masques alors que c’est fini, de ne pas pouvoir voir les visages. Je trouve ça triste qu’on ait peur de respirer alors que c’est une chance. C’est quelque chose dont on devrait être reconnaissant.
Anonyme, 12 ans
Bah… Ce n’est pas la fin du monde vous direz peut-être.
C’est certain qu’on peut toujours penser qu’à soi, se créer une petite vie en vase clos en famille, à cheval entre deux menaces de confinement et une inspection de domicile. Sans faire de projets à moyen terme, ni même à court terme d’ailleurs. Sans se réunir entre humains, même d’une même famille. Certains parents ont d’ailleurs découvert grâce à ces mesures draconiennes le plaisir de vivre avec leurs enfants. Ils ont ralenti. Ils ont appris à se concentrer sur l’essentiel.
C’est cute quelques semaines. Ça fait de belles photos sur les réseaux. Et puis les enfants rient encore parfois. Il n’y a pas de quoi s’affoler. Ils s’adaptent bien aux mesures semble-t-il. Vous savez la fameuse adaptation incroyable des enfants… Celle qui fait qu’ils vivraient bien avec la menace constante d’un ennemi invisible et avec la perte continuelle des plaisirs de la vie. Mais qui, étonnement, ne leur permettrait pas de s’adapter au risque de vivre.
Question méditative : Ne serions-nous pas en train de ne pas protéger les enfants en leur demandant de « militariser » leur enfance pour protéger les autres ?
Pour vous soutenir dans le choix de ne pas confier vos enfants à l’école en ce moment :
Et si faire l’école à la maison était la meilleure solution en ce moment?
Cinq bonnes raisons de faire l’école à la maison dès maintenant
Sources et références :
COVID-19: les enfants ne vont pas bien.
Distancer les enfants pendant 6 mois les rendra « moins intelligents », affirme le Dr Chicoine
Distanciation chez les petits: «On va en faire des morts-vivants» – Dr Chicoine
« Lâchez les 2 mètres pour les moins de 18 ans ! »
Le port du masque est la nouvelle norme sociale soutient le ministre de la Santé
La distanciation et le développement des enfants
Vidéo : Le Premier Ministre trouve très drôle la distanciation des jeunes enfants.
Vidéo explicative du nouveau fonctionnement d’une école primaire du Québec. Je laisse cette vidéo ici afin que nous constations qu’il y a peu de place prévue pour la spontanéité si chère à l’enfance. Cette vidéo a certainement été tournée dans l’intention louable de diminuer l’anxiété des enfants pour qui rien de tout cela est naturel, afin qu’ils s’y préparent mentalement et qu’ils anticipent leur nouvelle réalité. Je demande de ne pas commenter cette vidéo, par respect pour le personnel des établissements qui font de leur mieux pour apaiser nos enfants.
Positive COVID-19 tests in no-lockdown Sweden hit lowest rate since pandemic started
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