Les parents qui choisissent les apprentissages en famille sont en hausse. Je n’ai aucune donnée statistique pour m’appuyer, j’y vais au feeling sur celle-là! On peut le voir sur les groupes Facebook: nombreux sont les parents qui ont décidé, du moins pour la prochaine année, de garder leurs enfants à la maison. Ils s’ajoutent aux parents qui pratiquaient déjà les apprentissages en famille avant la pandémie. Tout ce beau monde sera suivi par la Direction de l’enseignement à la maison (DEM) cette année… et c’est de ça que je veux vous parler; la DEM. Ou plutôt, le fait que les parents qui sont suivis par la DEM n’ont aucune instance neutre pour les aider dans la gestion de possibles conflits avec celle-ci. C’est inquiétant, ça! Qui protège les parents éducateurs contre les abus? Pour le moment, personne.
Quand on va sur le site de Revenus Québec, on voit, bien en évidence, la section « Protection des droits ». Quand on parcourt cette section, on comprend que le gouvernement est conscient que des employés pourraient faire des erreurs, que certains pourraient être un peu plus zélés que d’autres… que des citoyens pourraient être victimes de mauvais suivis. C’est normal, l’erreur est humaine et il y a un aspect « subjectif » à tout ça, car il s’agit d’êtres humains.
Le Bureau de la protection des droits de la clientèle est une instance spécialisée et indépendante des unités opérationnelles de l’organisation. Dans les cas d’insatisfaction ou de non-respect des droits, il offre un mécanisme de résolution de conflits qui s’inscrit dans un processus simple, accessible et sans frais. (source)
Les parents éducateurs québécois n’ont pas cette protection, ces mêmes recours. Les parents éducateurs québécois n’ont rien. Ils font pourtant affaire avec des employés gouvernementaux qui sont des êtres humains, qui peuvent faire des erreurs… Des employés qui ont des visions différentes de ce que devrait être « l’enseignement à la maison » et qui pourraient faire des demandes qui suivent ou dépassent largement ce qui est prévu au Règlement sur l’enseignement à la maison.
Des exemples qui ne sont pas sortis d’un chapeau de magicien, mais bien de familles de mon entourage:
- une rencontre de suivi pendant laquelle l’employé de la DEM teste les connaissances des enfants, demande à l’enfant de lui faire la lecture pour évaluer le niveau de celui-ci <- pour votre information, cette rencontre n’en est pas une d’évaluation…
- le manque d’égalité dans les suivis alors que certains employés demandent de voir quelques exemples de ce qui se fait dans l’année, d’autres demandent 2 traces par compétence du programme et d’autres, 2 traces par contenu prescrit…
- des employés qui demandent de voir en septembre la liste de tous les livres qu’un enfant lira pendant l’année… <- je ne sais pas pour vous, mais moi, je n’ai aucune idée de ce que mes garçons vont lire la semaine prochaine, ça va dépendre de ce qui est disponible à la bibliothèque et de leur gout du moment, tsé.
On peut refuser, c’est certain! Mais un refus, ça s’en va dans notre dossier pour non-collaboration. Combien de fois pouvons-nous ne pas collaborer avant de recevoir une lettre de non-conformité… puis une autre, par la suite, nous obligeant à retourner nos enfants dans le système scolaire?
Bien entendu, il y a des associations de parents éducateurs et de défense de droits pour les parents éducateurs qui existent, mais il faut tout d’abord en être membre ($$$), ce qui ne fait pas de ces associations une solution accessible pour tous. De plus, ces associations n’ont pas de pouvoir sur la DEM, dans le sens où, oui, elles peuvent accompagner un parent qui souhaite apporter sa cause en cour, mais est-ce que c’est vraiment toujours le but? Non!
Il y a aussi le Protecteur du citoyen, mais comme nous l’avons vu dans le passé, le Protecteur du citoyen peut faire des recommandations en la faveur des citoyens… mais le gouvernement n’a aucune obligation de suivre ces recommandations. C’est ce qui s’est passé lorsque le ministre Roberge a changé le Règlement sur l’enseignement à la maison!
Alors on fait quoi?
Je suis d’avis qu’il devrait exister une instance neutre, gratuite et qui a un VRAI pouvoir pour aider à défendre les parents éducateurs contre les possibles abus de la DEM. Les parents éducateurs ne sont pas très nombreux, mais ils sont des citoyens qui doivent interagir directement avec le gouvernement et ils méritent d’être protégés. Je n’ai pas de solution miracle, mais j’aimerais vous encourager à faire la demande de création d’une telle instance via le Formulaire de plainte du Gouvernement du Québec (lien modifié pour joindre le secteur Éducation): https://plainte.education.gouv.qc.ca/
Peut-être et je dis bien PEUT-ÊTRE que si nous sommes plusieurs à faire part de nos inquiétudes, nous pourrions influencer la création d’une structure neutre pour nous protéger. Je lance ça dans l’univers aujourd’hui!