Cette année, en raison du contexte social et politique actuel, le nombre d’enfants éduqués à domicile a subitement doublé. Ça faisait longtemps que je rêvais de ce moment. Je rêvais d’ajouter plein de nouvelles familles éducatrices à notre réseau. Plein d’activités. Plein d’expériences. Plein de sorties. Plein de partages de compétences. Une énergie nouvelle. De l’engouement.
Sauf que… Ce n’est pas tout à fait ça qui se passe.
À vrai dire, cette année, c’est l’année la moins représentative des grandeurs et des richesses que procure l’apprentissage en famille. Même que je trouve ça triste que toutes ces nouvelles familles ne goûtent pas au quotidien exaltant que les familles-éducatrices expérimentent en temps normal.
En raison des fermetures sélectives et de l’interdiction de socialisation, la plupart d’entre nous ne peuvent plus aller à la bibliothèque, au musée, aux activités organisées. Nous ne pouvons plus voir nos ami.e.s et notre famille, nous ne pouvons plus suivre de cours, plus voir de spectacles, d’expositions.
Sur les réseaux sociaux, les groupes de familles-éducatrices ont aussi beaucoup changé. Le type de discussions aussi. Les nouvelles familles se retrouvent dans un univers qu’elles ne connaissent pas ou peu. Les préoccupations tournent autour de quel matériel utiliser, comment motiver mon enfant et au secours ! Je constate que mon enfant n’a rien appris à l’école. Normal quand on est catapulté dans un tout nouveau rôle qui demande de répondre à des attentes bien précises. C’est différent des discussions qu’avaient, avant, les familles qui font l’école à la maison en continuité avec une philosophie éducative particulière ou par choix, parce que l’école n’était pas le meilleur endroit pour leur enfant. La communauté s’est un peu dissoute et le sentiment d’appartenance est un peu moins fort. On voit moins certains visages qu’on aimait bien retrouver au fil des mois et des années.
La vie s’est donc un peu ternie.
Alors qu’avant…
Avant :
*On allait chaque semaine refaire notre cagnotte à la bibliothèque (ici, on fréquentait même deux bibliothèques différentes pour plus de diversité).
*Les enfants suivaient plusieurs cours.
*On participait à une multitude d’activités, spectacles et expériences.
*On fréquentait plusieurs familles-éducatrices régulièrement.
*On allait voir toutes les expositions de nos musées préférés auxquels on s’abonnait à l’année.
*Dans la plupart des régions du Québec, les groupes de soutien fourmillaient d’activités organisées par des parents-éducateurs passionnés.
*Certaines municipalités et organisations offraient même des activités en semaine pour les familles-éducatrices.
*On riait quand quelqu’un nous demandait si nos enfants « socialisaient » tellement on était toujours sur la trotte parmi plein de gens. Je me demande d’ailleurs si on va encore nous en reparler de la socialisation après…
*Les familles qui avaient choisi l’éducation à domicile le faisaient par choix et souvent par amour pour un style de vie plus libre, autonome et palpitant (ça, ça veut dire qu’on sentait bien l’enthousiasme dans nos échanges).
*Puis il faut dire aussi que nos personnes-ressources au Ministère étaient moins pointilleuses que plusieurs en ce moment… Comme si le mot d’ordre était de ne pas trop faire aimer l’enseignement à la maison à cette vague de nouvelles familles.
Alors qu’en temps ordinaire, c’est un mode de vie qui permet de vivre en harmonie avec nos valeurs familiales, au rythme qui nous convient.
C’est un choix éducatif qui permet à l’enfant d’avancer plus rapidement et d’approfondir ses passions.
Ça permet aussi d’harmoniser les relations familiales et d’être connectés les uns avec les autres.
En attendant…
D’ici le retour à une vie sociale et culturelle qui réponde aux besoins humains, voici quelques trucs pour mieux vivre les apprentissages en famille cette année (à plus forte raison si c’est votre première) :
* Bien connaître le Règlement afin de savoir si ce qu’on vous demande est excessif ou non.
*Adhérer à une association de parents-éducateurs comme l’AQED, qui offre du soutien en cas de problème ou de difficulté, en plus de vous tenir informer des actualités entourant l’éducation à domicile.
*Organiser des rencontres virtuelles avec d’autres familles (ici, à titre d’exemple, nous faisons des projets d’art avec une autre famille. C’est bien plus motivant et délirant).
*Si vous ne connaissez pas de familles-éducatrices avec qui faire des rencontres virtuelles, adhérez tout de même à un groupe de votre région que vous trouverez via Facebook. Plusieurs groupes organisent cette année des activités en ligne. Vous pourrez ainsi rencontrer des familles et tisser des liens.
*Suivez les activités virtuelles des musées comme le Musée Pointe-à-Callière qui présente toutes sortes de présentations en direct. C’est loin d’être aussi riche qu’une sortie au musée mais ça compense un peu.
*Planifiez des périodes d’activité physique régulières (yoga, stretching, danse, patin, ski de fond, randonnée…) parce qu’être confiné, c’est pas ce qui nous garde le plus en forme si on ne choisit pas de l’être. Et pourquoi ne pas en profiter pour essayer quelque chose de nouveau en regardant des entrainements en ligne ?
*Saisissez les occasions de sortir des cahiers pour apprendre de façon plus vivante (en cuisinant, en construisant, en regardant des films et des documentaires, en jouant à des jeux de société qui renforcent certaines notions, etc.).
*Inscrivez-vous à une formation juste pour vous. Pour apprendre une nouvelle technique, pour approfondir une passion, comme ajout à vos compétences professionnelles. En plus de ne pas vous oublier dans cette aventure, vous motiverez vos enfants en prêchant par l’exemple.
*Connectez avec la nature le plus souvent possible. C’est bon pour le corps et ça rend le cerveau plus disponible aux apprentissages et aux relations harmonieuses.
*Surtout, amusez-vous ! Mettez de l’ambiance dans vos périodes de travail formel. Allumez des chandelles. Sortez votre beau service à thé. Servez de la tisane de romarin, de zestes de citron, de thym ou ce que vous avez sous la main. Profitez de ce temps précieux.
En terminant…
Si vous avez des doutes : 18 bonnes raisons de choisir les apprentissages en famille.
Si vous cherchez une approche différente : Le plan de travail Freinet : une alternative à mi-chemin entre l’horaire classique et les apprentissages libres.
Si vous vous demandez si vous avez ce qu’il faut comme parent : Ce qu’il faut comme parent pour faire l’école à la maison.
Si vous avez besoin de vous recentrer dans la tourmente : Rester zen quand tout semble s’écrouler.
Si vous voulez tout savoir sur l’éducation à domicile pour bien partir dans cette belle aventure : L’éducation à domicile: La référence pour tout savoir sur l’école à la maison, le unschooling, l’instruction en famille et autres alternatives au milieu scolaire.
