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Avoir une garderie à la maison, les avantages, les inconvénients

Travailler tout en étant maman à la maison, avec ses enfants, c’est possible. Parmi les options qui s’offrent à nous pour générer des revenus tout en restant en famille, celle d’avoir une garderie à la maison peut s’avérer un choix idéal… ou pas.

C’est du moins le choix que j’ai fait quand mon premier congé parental tirait à sa fin et que je ne pouvais me résoudre à confier mon enfant à un service de garde. J’ai alors transformé la chambre de mon fils (inutile grâce au cododo) en salle de jeux et notre espace de stationnement en cour arrière joliment clôturée, avec ajout de gazon, fleurs, bac à sable, glissade et tutti quanti. J’ai alors mis sur pied ma propre garderie privée, biologique, toute en simplicité. J’ai choisi de ne pas être accréditée afin d’avoir la liberté d’accommoder les familles (horaires atypiques, prises de suppléments ou de médicaments, options écologiques et naturelles pour les couches et les soins) et de prendre des congés sans que les parents aient à payer pour ceux-ci. J’ai aussi fait le choix de fermer ma garderie alternative récemment, après 8 ans d’activités, à la demande de mes enfants et de ma voix intérieure. À la lumière de mon expérience, je partage avec vous les avantages et les inconvénients de cette option.

Les avantages

Générer des revenus tout en étant avec ses enfants

C’est l’avantage le plus évident. Par contre, pour que ce soit rentable, il faut accueillir au moins 3 enfants à temps partiel ou temps plein. Personnellement, je n’ai jamais gardé plus de 3 enfants à la fois, pour un maximum de 5 enfants au total avec les miens et je trouvais ça trop. J’aimais avoir du temps pour jouer, lire des histoires, ÊTRE tout simplement avec les enfants sans toujours être prise dans les soins et les services (changements de couches, préparation des repas…). J’ai d’ailleurs accueilli chez moi un seul enfant ces deux dernières années, en plus des visites occasionnelles d’ amis. Bien entendu, c’était aucunement rentable mais tout de même riche au niveau humain.

Ne pas se faire embêter avec la socialisation de nos enfants

Quand on décide de ne pas envoyer nos enfants à la garderie ou à l’école, LA première chose qui passe par la tête des gens c’est la question de la socialisation. Beaucoup de gens croient que les jeunes enfants aiment et ont besoin de passer leurs journées avec beaucoup d’autres enfants. Quand nous avons une garderie à la maison, ils sont rassurés et nous avons la paix pour un moment avec l’épineuse question de la socialisation. Je dois dire que nous sommes nous-mêmes rassurées de voir nos enfants socialiser de manière positive, en plus d’avoir l’esprit tranquille en sachant avec certitude qu’ils ne vivent pas de situations d’abus ou de violence.

Côtoyer des enfants tous si différents, ça change les perspectives

Personnellement, j’ai aimé être confrontée à toutes sortes d’enfants. Des enfants avec parfois des défis particuliers, des enfants qui m’ont demandés de réfléchir au fait qu’une même méthode ne fonctionne pas pour tous. Ce qui fonctionne à merveille avec mes enfants ne s’applique pas nécessairement à d’autres enfants. J’ai été amenée à élargir ma conscience et ne pas me cantonner dans ma seule vérité familiale.

Les jasettes de seuil de porte avec les parents

Au fil du temps, on développe de belles relations avec les parents et on fini par faire mutuellement partie de la vie de l’autre. J’ai eu des tonnes de belles conversations sur le seuil de ma porte avec les mamans surtout et parfois aussi avec les papas. On est souvent la première personne à qui les parents jasent de leurs inquiétudes et de leurs fiertés. On est souvent réciproquement le premier adulte à qui on parle le matin. On accueille les joies et les peines mutuelles et c’est généralement une agréable parenthèse dans notre journée.

Passer ses journée entières avec des enfants

Loin d’être abrutissant, ça s’avère plutôt reposant en fait d’être presque exclusivement avec des enfants. Les enfants sont authentiques. What you see is what you get. Ce que l’on voit ou entend et ce que l’on ressent concordent habituellement. Assister à leurs premiers mots, leurs premiers pas, leurs premières lettres écrites, leurs élans du cœur, c’est de l’enchantement au quotidien.

Incarner pour nos enfants un modèle d’entrepreneure

En prenant part au travail que nous faisons au quotidien, nos enfants intègrent des notions importantes en lien avec le travail autonome, en plus de nous voir dans un rôle qui dépasse celui de maman à la maison. Ils assimilent l’idée d’être payé en échange d’un service. Ils intègrent également le sens du devoir et de la responsabilité. Ils comprennent que c’est notre devoir de protéger et de prendre soin de l’enfant qui nous est confié. Ils prennent graduellement conscience de la valeur du travail et de l’argent. Ils nous demandent parfois combien de journées de travail vaut un objet ou une sortie. Le prix des choses et des services deviennent plus concrets. Ils prennent conscience qu’il est possible d’offrir contre rétribution un produit ou un service qui fait du sens dans notre vie, même à partir de notre demeure, sans avoir à se déplacer et sans avoir de patron. J’aime penser que la fibre entrepreneuriale se tisse tranquillement… mais sûrement.

Les désavantages

Être coincée dans un horaire rigide

Le plus gros désavantage quant à moi est de devoir se conformer aux horaires typiques du marché du travail auquel participent les parents. Notre choix de rester à la maison s’accompagne souvent d’un désir de liberté qui est grandement restreint quand on doit être en activité chaque jour de la semaine. C’est d’ailleurs principalement ce manque de liberté qui nous a amené à faire le choix de fermer notre garderie récemment.

Accueillir trop de microbes chez soi

Le second désavantage est sans contredit le fait d’ouvrir sa porte aux virus et aux bactéries qui viennent avec les familles. La fréquence des infections peut s’avérer lourde à gérer et il y a des moments où il nous semble qu’on ne s’en sortira jamais. Il y a d’ailleurs une différence entre accueillir un enfant unique et un enfant qui a des frères et sœurs qui fréquentent des milieux peuplés comme l’école ou les cours formels. Ces derniers sont plus enclins à contracter des infections de toutes sortes. Il y a aussi une différence entre croiser un virus brièvement dans un lieu public et l’accueillir dans sa maison. Quand on a un petit malade qui tousse dans notre maison toute la semaine, on y passe tous, même si on se badigeonne d’huiles essentielles.

Composer avec des philosophies parentales qui divergent de la nôtre

Même si on tente autant que possible de choisir des parents ayant des philosophies de vie similaires à la nôtre, il y a immanquablement des divergences qui sont parfois difficile à gérer. Un parent peut nous amener par exemple son enfant malade le matin. Nous le jugeons trop mal en point pour passer la journée à la garderie alors que le parent estime normal que nous acceptions un enfant trop malade pour jouer puisqu’il ne fait pas de fièvre. Ce n’est pas toujours confortable de concilier les deux visions et parfois il y a des froids avec les parents. Il y a plusieurs sujets sensibles qui demeurent sensibles même s’ils ont été abordés dès le début.

Le besoin de solitude de nos enfants n’est pas toujours respecté

Avoir plusieurs enfants chez soi plusieurs, voir tous les jours de la semaine, c’est souvent trop pour nos enfants. Après 3 jours, mes enfants en avaient assez. Les trois premières années, nous habitions dans une grande ville et je gardais à temps partiel seulement, en moyenne quatre jours par semaine, les enfants ne venaient pas tous en même temps. J’ai trouvé très facilement les familles avec qui j’ai eu envie de partir à l’aventure. Par contre, quand nous nous sommes installés dans un milieu plus rural il y a cinq ans, je n’ai pas trouvé de petits candidats à temps partiel. Je ne sais pas si c’est circonstanciel ou typique des milieux ruraux, mais toujours est-il que j’ai dû me résigner à être en activité cinq jours semaine. Je dois dire que c’était trop. Trop pour moi, trop pour mes enfants, trop pour les enfants qui venaient chez moi également. Il y avait une nette différence entre la formule à temps partiel et celle à temps plein. Les enfants qui venaient à temps partiel venaient davantage avec plaisir, par envie, dans un esprit amical de jeu, rarement de manière résignée. Je garde un bien meilleur souvenir de notre époque à temps partiel. Il me semble que les besoins de tous étaient comblés.

Est-ce que je le referais?

Oui! À temps partiel, 3 jours fixes par semaine, pas plus, si mes enfants le voulaient uniquement.

Faire l’école à la maison en même temps, ça se fait?

Oui! Et c’est plutôt apprécié des parents qui sont heureux que leurs enfants évoluent dans un milieu riche en apprentissages de toutes sortes. Avoir des plus grands qui partagent leurs découvertes, c’est gagnant pour tous. Les plus jeunes apprennent un tas de trucs et les plus vieux consolident leurs apprentissages en les expliquant. J’ai trouvé que la conciliation garderie-école à la maison se faisait bien au début, quand mon aîné était au premier cycle du primaire. Toutefois, plus mes enfants avancent en âge, plus ils font des projets d’envergure qui demandent plus d’implication, de préparation, d’espace. Plus ils réclament aussi davantage de calme pour lire et réfléchir. C’est devenu évident pour nous qu’avoir une garderie n’était plus favorable à notre projet éducatif. Nous avions besoin de plus de liberté pour sortir et plus de quiétude à la maison. Au niveau du matériel, c’est assez encombrant aussi d’avoir tout ce qu’une garderie nécessite en plus de tout ce que les apprentissages en famille requièrent comme ressources.

 

Alors, avoir une garderie à la maison, ça vous tente?

Commentaires

Par Julie Roux

Maman intégrale de 2 enfants libres ayant un penchant naturel pour le bonheur, Julie a troqué la sociologie et la naturopathie contre la vie familiale qu’elle a choisie. Maman à la maison pas si souvent à la maison, elle adore sortir, voyager, réfléchir sur l’enfance et sur l’éducation.