Alors que la plupart des familles s’affairent à organiser la rentrée scolaire de toute leur belle marmaille, d’autres, comme la mienne, maintiennent la cadence estivale en continuant de profiter des beaux jours.
Certaines de ces familles optent pour un horaire qui s’apparente à ce qui se fait en milieu scolaire. Parfois, parce que l’éducation à domicile n’est pas l’option de tous les enfants de la maisonnée et que suivre un même rythme pour tous facilite les choses. Parfois aussi par envie, tout simplement.
D’autres choisissent plutôt de se faire un horaire, ou un pas-d’horaire, conforme à leur style de vie. Elles peuvent par exemple être en mode apprentissages libres tout l’été, jusqu’en octobre et faire par la suite des apprentissages plus formels jusqu’en juin. Elles peuvent aussi être toujours en apprentissages, à l’année longue, avec des moments plus académiques non programmés, initiés par des découvertes, des intérêts spontanés, des rencontres ou de nouvelles opportunités.
Chez nous, la non-rentrée passe un peu dans le beurre, en ce sens que nos apprentissages se font toute l’année. On profite de nos nombreuses sorties et de nos voyages pour alimenter les savoirs de toutes sortes de façons et il n’est même pas rare de voir mes enfants travailler de façon formelle en plein été, parce qu’une étincelle bien vive les y pousse.
La non-rentrée a lieu pour nous le matin où on recommence à voir passer des enfants dans la rue à heures fixes.
C’est à ce moment que je réalise à quel point nous sommes chanceux de vivre les apprentissages en famille et que ce mode de vie nous apporte de nombreux bonheurs que la non-rentrée vient révéler.
La chance d’éviter la surconsommation
On a l’opportunité de choisir notre matériel, celui avec lequel on a envie de travailler, en fonction des intérêts de nos enfants. Pas de liste interminable d’articles. Pas besoin de deux paires d’espadrilles, de 6 marqueurs, 3 effaces… par enfant. Pas besoin d’étiqueter le matériel. Et je ne parlerai pas des lunchs et de toutes les règles qui viennent avec.
Les jeux, les manuels, les corrigés, les livres, le matériel de manipulation servent à toute la fratrie. Les familles se partagent entre elles leurs ressources également. Elles se prêtent, s’échangent ou se revendent leur matériel. Il y a des groupes Facebook spécialement pour ça. On peut y faire de grandes économies tout en réutilisant au maximum ce qui n’est plus neuf. On peut même choisir de travailler avec du matériel ou des programmes en ligne, en s’abonnant à des sites pour des coûts parfois dérisoires.
Quand on commence notre vie de parent-éducateur, on se laisse facilement emporter par toute la diversité des possibles. Mais plus on cumule les années d’apprentissages en famille, plus on réussit à choisir judicieusement ce qui sera vraiment utile et pertinent en fonction des intérêts et des particularités de nos apprenants.
Et pas de souci pour les marques ! Nos enfants n’y prêtent aucune attention et ne subissent pas ce genre de pression au sein des groupes de familles qu’ils fréquentent. Un tee-shirt usagé payé moins de 1$ peut s’avérer être LE plus cool ever.
Économique et écologique !
Les plages, les parcs et les musées sont déserts
Ça… C’est un bonheur ! Faire du camping en semaine après la rentrée scolaire, c’est le grand luxe ! Les emplacements voisins sont pour la plupart libres et on a l’impression d’avoir le parc national au grand complet juste pour nous. Pareil à la plage et dans les parcs municipaux. Au musée, on a souvent les guides et les animateurs à nous exclusivement et tout le temps nécessaire pour jaser en élargissant nos champs de connaissances. Pas d’attente non plus. Et tout le temps voulu pour la contemplation. Oui ! On aime !
Les activités entre familles recommencent
Ce n’est pas parce qu’on apprécie les lieux désertés qu’on n’aime pas socialiser. La non-rentrée scolaire, ça rime aussi avec activités organisées par les parents-éducateurs. La plupart des familles font partie d’au moins un groupe de soutien régional dont le but est d’offrir des activités et de l’entraide.
Entre familles qui connectent, on s’organise aussi des sorties en commun et la non-rentrée signe aussi souvent la fin des road trips d’été pour les familles vagabondes. On se retrouve dans nos patelins, la tête pleine d’idées et on recommence à nous activer ensemble. Les enfants sont heureux de revoir leurs potes. Et les mamans de se raconter.
Le port du pyjama et de la robe de chambre devient un symbole de liberté
Ultime symbole de liberté, le pyjama est même parfois un cadeau de non-rentrée qu’on offre à nos petits apprenants.
Parce qu’ils/elles peuvent se permettre de le porter plus longtemps en matinée et même toute la journée quand il fait mauvais et qu’il n’y a pas de sortie prévue.
J’avoue que de voir mes enfants descendre l’escalier totalement relax en robe de chambre les matins de semaine, c’est carrément un plaisir coupable. Je suis heureuse de leur offrir cette chance de ne pas avoir à courir chaque matin pour enfiler leur déjeuner et s’habiller. En même temps, j’ai un pincement au coeur quand je vois les autres enfants du voisinage passer tôt le matin avec leur sac à dos, leur sac à lunch et le visage encore fripé alors que les miens roupillent encore ou font leur lecture du petit matin bin chill dans leur lit.
N’empêche qu’il y a beaucoup de souvenirs accolés à leurs pyjamas et leur robe de chambre. Des souvenirs de temps vécu sans courir. De confort. De vie qui va en douceur.
Les occasions de parler de notre choix de vie se multiplient
Hé oui ! La non-rentrée, ça fait beaucoup jaser !
Tout au long de l’été, les enfants se sont faits dire :
Vous devez être contents d’être en vacances hein !? Pas d’école ! C’est l’fun !
Si cette remarque témoigne d’une certaine compassion envers l’enfant qui a l’obligation d’aller à l’école de septembre à juin, il ne faut pas croire que ça cache nécessairement une ouverture face aux alternatives moins contraignantes.
Le :
Vous devez être contents d’être en vacances !
a tendance à se transformer en :
Comment ça se fait que vous n’êtes pas à l’école aujourd’hui ?!
dès le premier jour de semaine après la Fête du travail. On peut trouver ça irritant (et ce l’est parfois) mais on peut aussi saisir l’occasion d’éduquer la population sur cette alternative heureuse. C’est souvent même nos enfants, pour la plupart assez jasants, qui se chargent du plus gros de cette tâche.
Les mêmes questions reviennent toujours.
-Est-ce que c’est légal ?
-Et la socialisation ?
-Non mais pour le secondaire, ils vont aller à l’école là, hein ?!
-Il faut que tu sois enseignante pour faire ça par exemple, hein ?!
À toutes ces questions, les réponses, dans l’ordre sont :
-Oui ! Absolument !
-Ils ont tellement d’occasions de le faire, c’est fou ! Et c’est d’ailleurs exactement ce qu’ils font en ce moment avec vous.
-Pas nécessairement. Ce sera à voir avec eux dans ce temps là. Perso, moi je réponds : Tant que c’est leur choix, je les rentre direct à l’université (d’habitude, ça finit là après un long silence).
-Pas besoin, je suis moi-même passée par tout le programme québécois (ou national), je suis donc qualifiée pour transmettre les savoirs essentiels.
Et c’est à ce moment là qu’on se rend compte qu’à peu près personne assume qu’un parent qui a son diplôme d’étude secondaire ou collégial ou même universitaire a appris ce qu’il fallait à l’école…
À méditer.
La liberté d’être maître de son temps
On peut donc choisir de commencer notre année scolaire quand on veut et organiser le temps qu’on y consacre selon ce qui convient le mieux à notre style de vie et nos penchants pour certaines pédagogies.
Certaines familles font des apprentissages plus formels le matin et se gardent l’après-midi pour les activités, les rencontres, les projets personnels.
Chez nous, le matin, les enfants ont besoin de jouer et de faire aller leur créativité. Contrairement à ce qui se fait couramment, mes enfants ont besoin d’avoir libéré leurs idées dans des jeux de rôles, des scénarios de film, des projets créatifs, avant de s’adonner aux choses de l’esprit.
C’est aussi le matin qu’on fait nos lectures partagées, après la libération des idées. Je fais donc la lecture et les enfants lisent aussi des petits bouts. Cela permet de lire des oeuvres moins accessibles mais plus riches.
Les apprentissages de type sciences et mathématiques se font la plupart du temps en après-midi bien que tout cela reste malléable et propice aux changements selon les sorties et les idées qui nous transportent.
Ce qui demeure, c’est que cette liberté d’organiser nos journées en fonction de nos tempéraments, de nos goûts et des opportunités qui s’offrent à nous est sans contredit un grand avantage de ce choix de vie multiplicateur de bonheurs.
L’éducation à domicile vous intéresse ?
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