Lorsque je suis tombée enceinte la première fois, j’ai flotté sur un nuage durant des jours. Porter la vie en soi est un immense privilège. Les petits désagréments de la grossesse n’étaient rien comparés à la joie qui m’habitait de te savoir là. Je portais la vie en moi. Quel beau et grand cadeau !
Les semaines ont passé. Mon ventre prenait de l’ampleur. Tu prenais ta place, tranquillement.
Lorsque les gens me voyaient, la première chose qu’on me disait c’était de me reposer, que bébé n’allait pas faire ses nuits donc d’essayer de recharger mes batteries au maximum. Entêtée, j’ai fait à ma tête. Mais bon, de toute façon, peut-on vraiment dormir lors des dernières semaines avant la grande venue ? Tu me poussais, tu prenais déjà toute la place et c’était impossible d’avoir un sommeil réparateur.
Et puis, le jour tant attendu est arrivé. Suivi de la continuation de ton périple vers la maison. C’est là que tout a commencé. La maman en moi qui idéalisait la maternité s’est fait jouer un vilain tour. Je m’imaginais une petite merveille, qui dormirait longtemps, longtemps, longtemps…
Je nous voyais, nous bercer au soleil, nonchalantes.
Et non, le petit dicton rigolo ‘’ Dormir c’est pour les faibles ‘’ a été crée pour toi, ma belle ! Tu dormais peu, même que je devrais dire que tu restais trop éveillée. Crois-moi, dormir, n’a pas été ton premier mot. J’ai écouté l’instant gagnant comme une vraie maniaque durant de nombreux mois, bien assise sur le sofa en priant le seigneur que tu veuilles bien fermer tes petits yeux.
Puis, sont apparues les joyeuses coliques. Combien de nuits à pleurer ensemble pendant que tu te tortillais ? Massages sur ton petit ventre rond, gestes de pédales avec tes jambes, eau de colique. Rien, mais rien n’y venait à bout. Que j’ai trouvé ce moment difficile. Par contre, je dois t’avouer, ma petite fille, que c’est à ce moment bien précis que j’ai pris goût au peau à peau. Ça te faisait du bien, je crois. Mon cœur de maman n’avait aucun doute.
Par la suite, une petite dent a fait son entrée. Moi, qui croyais voir la grande responsable de tes nuits chaotiques. Quelle sotte j’ai été ! Une dent, deux dents, trois dents…
À part, être mignonne avec tes nouvelles petites palettes, je n’y ai vu aucun avantage. Pleurs intenses, joues écarlates, petite fièvre. Personne ne m’avait parlé de ce moment. Faire ses dents et ne pas faire ses nuits sont un duo d’enfer. Qu’on se le tienne pour dit.
La fatigue prenait du terrain. Les poches sous les yeux faisaient partie du paysage depuis quelques mois. Le café est devenu mon meilleur ami.
Les coliques, les dents, les premières blessures. Les premières fois à m’inquiéter de ta santé, à me demander si j’étais une bonne maman, à me questionner sur tes troubles de sommeil. À ne pas savoir quoi faire, à regarder de trop nombreuses fois le ‘’ mieux-vivre ‘’…
Personne ne m’avait dit qu’être maman était si difficile. Personne ne m’avait dit qu’en devenant maman, je deviendrais insécure, pleine de questionnements.
On ne m’a pas dit non plus qu’en devenant maman, ma propre personne deviendrait secondaire. Que tu prendrais la place dans mes pensées jours et nuits, que nos cœurs battraient ensemble malgré que nous soyons deux êtres distincts. En fait, c’est ce que j’aurais aimé savoir dès le départ. Parce qu’avoir su tout ça, il y a longtemps que tu aurais été des nôtres. Parce qu’après tout, c’est l’amour qui gagne toujours.
Eh oui, la maternité ce n’est pas toujours comme dans les contes de fées. Parfois, on doit jouer le rôle de la vilaine maman qui essaie de faire dormir sa petite Blanche-Neige. On se fatigue, on pleure, on a l’impression de perdre le contrôle. Mais il faut se faire confiance et surtout laisser primer les bons côtés sur les mauvais.
Malgré les petits débuts difficiles, il faut se dire qu’il y a de bons moments, plus roses, qui nous attendent. Les pleurs feront place aux rires, la douleur des premières dents ne sera que de vagues souvenirs, les coliques seront choses du passé…
Aujourd’hui, ma petite cocotte, tu as 2 ans et demi. Tu es éveillée, vive d’esprit, intelligente. Tu m’épates chaque jour, tu m’apprends tant de choses. Tu es ma petite merveille. Il est toujours hors de question pour toi de nous faire de belles et longues nuits sur de longues durées, puisque tu préfères venir te blottir entre nous, mais ce n’est pas grave. Tout ça, c’est toi.
Et c’est comme ça qu’on t’aime.