En ce moment, en raison du contexte social et politique, nos vies sont, pour la plupart d’entre nous, complètement chamboulées. Aussi passons-nous beaucoup plus de temps ensemble, en famille, qu’à l’ordinaire. À la maison de surcroît.
Une certaine lassitude s’est peut-être installée. Normal ! Ce n’est pas en restant dans sa grotte que l’être humain a assuré la pérennité de son espèce. C’est en protégeant sa famille tout en s’alliant avec d’autres individus en dehors de la cellule familiale.
Il n’y a rien de sain et de normal pour un être humain à vivre isolé, dans la peur de l’autre et les restrictions de déplacements.
Pour vivre l’équilibre, l’humain doit pouvoir aspirer à aller plus loin, viser plus haut, se réaliser sans demander la permission.
Et cela s’applique bien entendu aux enfants.
Ce qu’ils vivent actuellement ne peut faire autrement que les bouleverser profondément. Ils ne le verbalisent peut-être pas en termes précis mais cette tempête émotionnelle peut se traduire tout autrement.
Ainsi, une crise de larme monumentale pour une partie perdue peut cacher tellement plus qu’une simple déception de ne pas avoir gagné. Ces larmes et cet accès de colère peuvent vouloir dire :
Je m’ennuie :
- de mes ami.e.s,
- de Mamie,
- des cours que j’aimais tant et qui me permettaient d’exercer mes passions,
- des sorties qui me faisaient voir, entendre et vivre des expériences, formatrices,
- des activités physiques que je pratiquais,
- de la simplicité des échanges humains,
- des visages,
- des sourires,
- des accolades,
- des câlins,
- de la chaleur humaine,
- de l’air que je ne peux plus respirer facilement par moment,
- de la stabilité de mon monde d’avant,
- du sentiment de vie qui animait les gens autour de moi.
Je n’en peux plus :
- de cette peur ambiante tout autour de moi,
- des changements constants de directives,
- de voir mes rêves et mes espoirs disparaître les uns après les autres,
- de constater l’amoralité des traitements réservés aux personnes en centres (personnes âgées notamment),
- des incohérences,
- du martelage médiatique qui propage une vision anxiogène et infantilisante,
- de la division,
- de l’isolement,
- de voir les gens dépérir autour de moi parce qu’ils ne peuvent plus pratiquer leur métier, leurs passions, leur humanité,
- de voir notre culture s’effriter,
- de voir mes projets d’avenir s’effondrer.
Je suis en colère contre :
- ceux qui ont laissé mourir Papi tout seul,
- ceux qui ont annulé les arts et la culture surtout depuis qu’un ami de la famille s’est suicidé (encore un de plus depuis mars dernier) parce qu’il ne pouvait plus exercer son métier, sa raison d’être,
- ces directives qui ont causé la faillite de notre commerce familial,
- ces médias et ces publicités qui propagent la peur sans arrêt,
- ceux qui disent que ça va bien aller,
- ceux qui ne disent pas la vérité,
- ces règles qui nous rendent de moins en moins humains.
Les crises, les larmes, les colères, les insomnies peuvent traduire plusieurs de ces pensées.
Qu’on soit pour le libre choix des mesures relatives à notre santé ou qu’on soit pour leur application généralisée et systématique, les effets de ces changements drastiques de façon d’être en société apportent les mêmes résultats. Nos enfants et nos adolescents ont beaucoup de deuils à faire (nous aussi d’ailleurs). Ils doivent tenter de s’adapter à des façons d’être qui sont contre nature. Anti humaines. Encore là, qu’on croit ou non au bienfondé de toutes ces mesures, le résultat est le même. Isolement. Effritement du lien social. Peur. Ennui. Déception. Pauvreté. Manque de culture. Perte d’opportunité de vivre, de sortir, de socialiser, de s’épanouir. Impossibilité de se projeter dans l’avenir.
C’est difficile comme adulte de faire face à tout ce qui a changé, à tout ce que nous avons perdu. Imaginez pour un enfant (même un jeune adulte) qui n’a pas notre expérience. Qui n’a pas encore développé ses propres mécanismes de retour au calme qui permettent de relativiser et de vivre les grands bouleversements avec plus de détachement.
Alors, que pouvons-nous faire ?
Nous pouvons :
- travailler sur notre propre bien-être en nous efforçant de rester zen (difficile d’amener l’autre là où nous ne sommes pas),
- faire preuve de patience et de douceur,
- aider l’enfant à mettre des mots sur ses ressentis,
- passer plus de temps avec lui,
- jouer, plonger dans son univers,
- proposer des stratégies pour retrouver le calme intérieur (respirer profondément, musique douce, méditation, tisane de cataire ou de camomille, utiliser des pierres aux vertus apaisantes comme l’améthyste, le quartz rose ou la rhodochrosite, faire de l’exercice physique, pratiquer un art, etc.),
- enchanter l’enfance (ajouter de la magie dans le quotidien, des petits rituels réconfortants, visualiser un futur heureux),
- redonner confiance et espoir (les bouleversements politiques ne sont pas rares et chaque fois, l’équilibre revient et les humains retissent toujours les liens qui assurent leur survie et leur mission de vie).
Ce n’est pas si facile à faire à tout moment et si vous n’y arrivez pas toujours, soyez douce avec vous. Pardonnez-vous. Libérez la culpabilité. Il ne s’agit pas d’être parfaite. Il s’agit de poursuivre notre chemin en tant qu’être de relation en étant de plus en plus en harmonie avec ce qui fait de nous des humains. ♥
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