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Vivre, apprendre et travailler en famille avec plusieurs enfants [Partie 1]

Que l’on fasse l’école à la maison…
Que l’on ait choisi une vie de unschooling…
Que l’on travaille à partir de la maison en présence des enfants…

Cela demande une certaine gymnastique afin que chacun trouve la place nécessaire au plein épanouissement de sa personnalité et de ses talents.

Assumer la non scolarisation de nos enfants et ou travailler à la maison devient au fil du temps une façon de vivre. On commence avec plein de rêves, des idéaux, parfois des impératifs et on avance, comme on le fait dans nos autres chemins de vie. Le grand bonheur de cette aventure est qu’on la vit en famille, reliés les uns aux autres. C’est aussi le grand défi; trouver un temps et une place pour chacun. Les amérindiens, qui concevaient la vie en cercle, lui prêtait la vertu de pouvoir s’agrandir chaque fois qu’un nouveau membre arrivait. Le cercle familial permet cela aussi, à force d’écoute, de respect, de patience, de pardon et d’organisation !

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Une question de rythme
Le rythme est une notion propre à chacun, comme l’illustrent les différents témoignages plus bas. Ainsi l’important est de trouver le sien, celui qui fait que l’on n’est pas en perpétuel débordement ou qu’un des membres de la famille ne passe son temps à se sacrifier pour les autres !

« Tant pour la quiétude des enfants que pour la mienne une certaine régularité nous est plus profitable. Aussi au fil des ans nous avons définit notre propre rythme. Les enfants se lèvent, déjeunent, font leur toilette et s’installent à leur table de travail pour la partie la plus formelle de leurs apprentissages. Chacun sait à quoi s’en tenir ! Je profite de la première heure où bébé ‘’est comblé de partout ‘’ (ventre plein, couche changée, câliné depuis le réveil) pour enligner chacun des grands sur sa piste, qu’il sera capable de suivre relativement seul une partie de la matinée. Généralement chacun est à son affaire lorsque bébé commence à manifester des signes d’impatience et son désir de sieste. Une fois celui-ci endormi je fais un tour ‘’de correction/orientation’’ pour vérifier que l’avancée se fasse dans le bon sens. C’est également l’occasion de revenir sur une question plus compliquée ou un exercice demandant davantage de concentration. Peu de temps après bébé se réveille et c’est déjà l’heure du repas du midi d’où la nécessité d’une bonne organisation, si l’on veut profiter de l’après-midi pour sortir ou voir des amis !!! » – Rose-Marie

 

« Chez nous les enfants se lèvent un à un, ce qui me donne l’occasion d’avoir des moments privilégiés avec chacun d’entre eux. Bien entendu cela implique qu’un fasse de la peinture avec des miettes de déjeuner à côté de lui et que certains soient encore en pyjama à l’heure du dîner !!! » – Ariane

 

Faciliter l’autonomie
Les parents faisant l’instruction en famille nomment souvent la difficulté de parvenir à être partout en même temps ! Hors c’est une mission impossible ! On peut par contre réussir à faire en sorte que la pression de la demande soit moins forte en travaillant l’autonomie des enfants. Caroline, 3 enfants, pour sa part a commencé par apprendre à lire à ses filles. De cette façon, elles étaient en mesure de lire les différentes consignes et explications de leur cahier. Ainsi elles ne dépendaient pas de leur maman pour avancer leurs travaux. Rosalie, elle, fonctionne avec une corde à linge sur laquelle est accrochée la liste de ce qu’il y à a faire pendant la semaine. L’enfant sait donc à quoi s’en tenir, peut effectuer ses propres choix quant à l’ordre dont il abordera l’ensemble. Lorsque le travail est effectué, l’étiquette est décrochée. Chez Rose-Marie, chaque enfant a son propre meuble dans lequel se trouve un bac par matière. Dans le bac de math on retrouvera en plus des cahiers, les jetons de calculs, règles, et autre matériel. De cette façon on ne perd pas de temps à chercher et les enfants sont plus à même de se débrouiller. On peut également miser sur l’auto correction qui permet à l’enfant de voir de lui-même la justesse de ses résultats. De nombreuses collections ont été créées dans ce sens. Conserver l’intérêt des enfants est également une bonne manière de les aider à gagner en autonomie. En effet lorsqu’ils sont intéressés, passionnés, motivés les enfants sont généralement plus patients et enclins à demeurer concentrés sur leurs objectifs. Il peut donc s’avérer judicieux de varier le matériel, les outils, le travail, etc.

 

Varier le degré de difficulté
Si les enfants ne sont pas au même niveau, il faudra penser à ne pas induire de nouvelles notions en même temps sans quoi nous risquons de nous retrouver avec un déferlement de questions et besoins d’aide. Ainsi en demandant à l’un d’effectuer un travail ‘’facile’’ (perfectionnement, révision, exploration personnelle) qu’il arrivera à mener à terme seul, nous pourrons accorder davantage de temps et d’attention à l’enfant en apprentissage de nouveauté.

Lorsqu’on parle de faciliter l’autonomie ou de varier le degré de difficulté cela s’applique autant pour un apprentissage formel, que le unschooling ou le travail à la maison. Un enfant à qui l’on vient de présenter un nouveau temps de conjugaison, qui construit son premier château de légo ou ouvre son kit de chimie tout nouveau aura besoin de plus d’attention, d’aide et de présence que s’il effectue quelque chose qu’il maitrise déjà.

 

Un espace pour chacun
Au fil de l’arrivée des enfants, il a fallu aménager certains espaces et en reconfigurer certains autres. En effet, j’ai souvent remarqué que des chicanes explosaient en raison de « lutte de territoire ». « Maman, il a tout cassé mon château ! Elle est tout le temps dans mes choses ! Il arrête pas de faire bouger la table, ça fait rater mes dessins!!! » Je suis certaine que ça vous dit quelque chose. Bien entendu, les enfants doivent apprendre à vivre ensemble et à partager. Mais cela sera plus facile s’ils ont un espace à eux et ne se sentent pas constamment en lutte. Et pour cela pas besoin de d’habiter une immense demeure où chacun se retrouve cloisonné dans sa chambre; un meuble, le dos du canapé, une ligne sur le plancher peuvent servir à délimiter un espace. L’important est que cette délimitation soit connue et respectée par tous. Maria Montessori encourage d’ailleurs à faire travailler (et pourquoi pas jouer) les enfants sur un tapis. Cela leur permet non seulement de s’assurer un espace, mais aussi de concentrer leur attention dans un lieu définit, en plus de faciliter le rangement. Et je vous rassure cela n’empêche pas les grands jeux, ni la complicité légendaires des frères et des sœurs. Parfois chacun sort de son espace pour rejoindre l’autre dans son jeu et s’emballer dans un immense scénario incluant la maison entière.

« Lorsque notre 3 e est arrivé, les deux plus vieux avaient 6 et 9 ans. La maison était pleine de légos et de playmos; un stress permanent avec un bébé ! Nous avons donc aménagé des rambardes « maison » afin de permettre aux grands de pouvoir poursuivre leurs jeux, tout en permettant au bébé d’être libre de cavaler partout dans le reste de la maison, en toute sécurité ! » – Rose

 

Le bonheur d’une fratrie
Avoir plusieurs enfants demande certains ajustements et par moment on rêverait d’être une pieuvre tellement les bras nous manquent. En même temps, petits et grands peuvent contribuer à se soutenir mutuellement et à se relayer auprès des plus petits pour aider. Récemment je lisais un article relatant l’invitation de bébé dans des classes de maternelle pour cultiver l’empathie et la compassion chez les enfants. Dans une famille cela ce fait naturellement et en faisant confiance à ces derniers, nombre de bienveillance contribuent au bonheur et au bon fonctionnement d’une famille. Mon plus vieux lavait les biberons de sa sœur et préparait toujours des collations lorsque nous partions. A la fin de la grossesse et après l’accouchement, transporter le panier à linge dans l’escalier était devenu difficile. Du haut de ses 9 ans c’est lui qui s’en chargeait. Il est ainsi devenu le responsable officiel des brassées de couches ! Ma fille, très à l’aise avec les petits, change, donne le bain, habille, donne à manger et porte son petit frère… une vraie petite mère qui fait aussi le bonheur des autres mères lorsque nous sommes de sortie ! Souvent ils se lisent des histoires entre eux, jouent, prennent soin des animaux, font des gâteaux, étendent le linge ! En prenant soin les uns des autres, ils cultivent leur personnalité, leur talent et leur attachement. Sans compter que ça m’aide et m’émeut vraiment!

 

Une bonne organisation
Une bonne organisation permet de ne pas perdre de temps. Chacune a son astuce. A l’instar de nombreuses mamans, Sophie 4 enfants, profite du soir pour préparer sa journée du lendemain. Suzie, 2 enfants, elle a opté pour la planification des menus. Ainsi même si l’heure des repas arrive immanquablement trop vite, elle sait toujours ce qu’elle va cuisiner et a sous la main ce dont elle aura besoin. Pour ma part j’essaie de cuisiner en grande quantité et de congeler afin d’avoir toujours quelque chose de prêt. De même que lorsqu’une sortie est prévue je prépare la veille; repas, collation, vêtements, manteaux, etc. pour éviter la cohue au moment du départ.


Vivre ensemble et partager les tâches

Je crois que la meilleure façon de venir à bout des différentes tâches du quotidien est que chacun mette la main à la pâte. Chez nous c’est au moment du conseil de famille que chacun prend un engagement. Il devra s’y tenir jusqu’au prochain conseil. Chez Stéphanie les tâches sont clairement affichées sur la porte du frigo et grâce aux pictogrammes les enfants peuvent s’y référer au besoin. Faire son lit, mettre le couvert, faire la vaisselle, aspirer, etc. sont autant de situations d’apprentissages que de possibilités d’exercer sa motricité, son autonomie et de développer son sens des responsabilités et sentiment de fierté !

De plus, vivre en compagnie de ses enfants à plein temps, c’est aussi mener à bien nos différentes occupations en leur présence et pour ça rien de mieux que de les intégrer. Depuis qu’ils sont tous petits les enfants cuisinent avec moi. Bébé ou fatigués ils étaient dans le porte-bébé. J’ai aussi déplacé bien des fois la chaise haute dans la cuisine. Pour les tenir occupés, je leur donne des fruits, des légumes, toutes sortes d’ustensiles que je renouvèle au fur et à mesure de leur chute ou de la lassitude qu’il génère. Nous avons également dédié un petit coin d’armoire aux enfants dans lequel sont rangés des chaudrons, contenants et autres trucs leur permettant de jouer à cuisiner. Éplucher des oignons ou de l’ail, trancher des courgettes, remuer, etc. font office de super activité ! Maintenant les deux plus grands cuisinent régulièrement tout seul !

Même chose pour le ménage où les enfants ont des petits balais et sceaux pour nettoyer et épousseter ! Je mets également régulièrement mon tout petit dans le deuxième bac de l’évier lorsque je fais la vaisselle ! De cette façon il ne peut pas tomber, il joue dans l’eau tout en étant à mes côté J Toute les travaux liés au lavage peuvent également s’avéréer assez rigolos; trier par couleur, trouver les paires, plier en symétrie, classer selon les membres de la famille, etc. L’idée je crois est de se rappeler la vie avant les garderies et la télévision, la vie où les moments faisaient partie de la vie aux côtés de leurs parents; au champs, dans la grange, au lavoir, au potager, etc. En mettant à leur portée des outils qui leur permettent de nous imiter et de s’amuser. Bien entendu nous serons interrompus, et parfois nous devrons même abandonner notre tâche. Mais nous aurons été ensemble et aurons appris beaucoup de chose tant sur nous, l’autre, que le plaisir d’aider et de réaliser différentes tâches nécessaires au bien être de la maisonnée.

« Il y a deux ans nous avons décidé de construire un poulailler, afin d’avoir de bons œufs et de concrétiser pour les enfants, le lien qui nous unit aux animaux et à la terre. J’essayais d’aller travailler sur celui-ci chaque fois que mon chum pouvait me donner un peu de temps. Autant dire que le chantier n’avançait pas. Alors je me suis tannée et j’ai décidé d’impliquer les enfants. J’ai mis le petit dans le porte bébé, sorti des outils pour les plus grands et on s’y ai mis tous ensemble. Certes j’ai dû allaiter tout en sciant, j’ai eu besoin de pansements et des clous ou des vis ont sans doute été égarés dans la pelouse avec le risque de crevaison que cela comprend ! Mais nous sommes venus à bout de ce poulailler et les enfants ont passé l’été à caresser les poules, ramasser des œufs et partager ces derniers ! » – Rose

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Par Laetitia Toanen

Laetitia Toanen, est maman de trois enfants et d’une petite étoile, riche d’une panoplie d’expériences tonitruantes ! Zoothérapeute, éducatrice périnatale, accompagnatrice en pratique rituelle, elle fait l’école à la maison et est l’auteur de différents livres et articles traitant de l’adoption, du maternage et de la vie de mère de carrière ! Sa grande passion; soutenir et valoriser l'implication et le rôle essentiel des mamans qui se consacrent à l'éducation de leurs enfants! Vous pouvez la retrouver sur son blog Rebelle des bois, celui du symposium Apprendre Autrement ou sur Chemins de traverse pour les rituels.

2 réponses sur « Vivre, apprendre et travailler en famille avec plusieurs enfants [Partie 1] »

[…] Sur Mamans Zen, il y a tout d’abord eu un article où Annie nous partageait 12 façons simples de recharger nos batteries et il a été fort apprécié! Ensuite, Laetitia a donné de superbes trucs aux parents à la maison, parents qui travaillent de la maison ainsi que ceux qui font l’école à domicile pour réussir à faire ce qu’ils ont à faire dans une journée… le genre d’article dont j’ai vraiment besoin! Allez voir la première partie de son article ici. […]

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