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Vivre, apprendre et travailler en famille avec plusieurs enfants [Partie 2]

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Oser !
Un jour, une maman de 8 enfants m’a donné ce conseil : Oser !
Oser sortir des sentiers battus, ne pas avoir peur du ridicule, faire avec ce qui marche. Pour sa part elle avait installé une petite pataugeuse au milieu de son salon. Elle remplissait cette dernière de jeux, de pâtes, de morceaux de bois, etc. Autant de textures et objets susceptibles de ravir son plus jeune suffisamment longtemps pour qu’elle puisse se concentrer sur les plus grands. La fille d’une amie a passé des matinées entières dans le bain. Elle jouait qu’elle était à la piscine et était ravie. La porte ouverte permettait de demeurer en lien avec elle et la quiétude ainsi installée faisait en sorte que les maths du grand frère avançaient. Rose-Marie, elle, a installé la chaise haute du bébé a côté du piano. Moyennant quelques fausses notes tout le monde arrive à travailler !!! Je connais également une petite miss créatrice; une vraie usine à dessin !!! Sa maman a dû réfréner son envie de maison impeccable, le plancher étant souvent parsemé de colle, paillettes, feutrine et autre trésor de bricoleuse. Mais pendant que la puce donne libre cours à son talent, les autres cultivent le leur aussi ! Chez nous les playmobils ont envahis le salon pendant des jours entiers, un scénario y avait cours et de devoir tout ranger chaque fois aurait interrompu le fil de l’histoire ! De même que les jeux d’eau ont ravis le plus petit des heures entières, tellement occupé à vider et transvider. Je mettais seulement une grande serviette sur la table et le tour était joué ! Quant il avait terminé on accrochait ses vêtement mouillés afin de les sécher et la journée se poursuivait vers de nouvelles aventures ! J’ai également installé une balançoire, ainsi qu’une chaise supplémentaire à côté de mon bureau. J’arrive ainsi à composer quelques chapitres d’une main, tout en berçant de l’autre ou en ayant de la compagnie occupée à dessiner, à mes côtés !!!

 

Jamais sans mon porte-bébé
On ne chantera jamais assez les louanges du porte-bébé ! Dans le dos pour la cuisine et la vaisselle, sur le ventre en promenade ou pendant les arts plastiques, de côté pour allaiter tout en expliquant une notion au tableau où pour lui permettre d’embarquer-débarquer à volonté sans que se soit compliqué !!! Notre petit dernier a bientôt 4 ans et je le porte encore. Certains diront que c’est exagéré… oui, non, peut-être… je ne sais pas. Ce que je sais c’est que lorsqu’il demande à être porté c’est qu’il en a besoin. Besoin d’être collé, de se reposer, de recharger ses batteries. Pourquoi le lui refuser sous prétexte qu’il a presque 4 ans ? Pour ceux et celles qui trouveraient que le mousse est un peu trop lourd, un hamac, une berceuse, un tapis peut permette à l’enfant de retrouver une certaine quiétude avant de repartir de plus belle.

« J’ai porté mon fils longtemps. Maintenant il est vraiment lourd et avec la grossesse qui avance je n’ai pas toujours l’énergie de le porter. Si je peux, je m’arrête quelques instants pour le cajoler. Sinon je lui demande d’aller chercher l’écharpe de portage sur laquelle il se couche ou regarde un livre quelques minutes. Souvent ce moment de calme le requinque en plus de lui offrir la possibilité d’une transition vers une autre occupation. » – Maria


Comme en Afrique

Il y a également des journées où je décrète « l’Afrique dans la cuisine ». En effet suite à la découverte du film Bébé j’ai été impressionnée de la sérénité des femmes africaines et de leur capacité à demeurer assises pour accomplir nombre de tâches à la fois. Alors il y a des jours où j’installe un grand tapis par terre : d’un bout les grands s’installent avec leurs cahiers et crayons, leurs jeux de société, livres à lire, etc. au milieu mon arsenal de casseroles, couteaux et légumes et de l’autre côté bambino mâchouille quelques patates, empilent des carottes, farfouilles dans les épluchures ! Je peux ainsi répondre aux questions, tout en cuisinant, jouant et allaitant !!! Et parfois c’est mon portable que j’amène sur cette grande couverture ! Chacun vaque à ses occupations tout en bénéficiant d’une proximité. Le temps d’un jeu je peux finir de préparer un article, répondre à quelques mails, amorcer certains contacts, etc.

 

Relativiser et vivre le moment présent
Relativiser et choisir ses combats semblent aussi être une constante chez les familles ayant choisie de vivre en compagnie de leurs enfants. Si le temps d’instruction, de jeu, de brico, de discussion est la priorité du moment alors on ne répond pas au téléphone et on ne se laisse pas distraire par mille autres petites choses. Réaliser un projet de marché de Noël ou de confection d’œufs de Pâques est difficilement compatible avec une maison impeccable. Faire les lits n’est peut-être pas un impératif, de même que l’on peut très bien faire de la grammaire en pyjama! Stéphanie, 4 enfants, avoue « Au fil du temps j’ai appris à relativiser. Les y a parfois des mousses sous les lits et derrières les portes ! Mais nous faisons ce que nous aimons et c’est la priorité ! ». Isis ajoute de son côté «J’ai allaité ma fille beaucoup et très longtemps pour de nombreuses raisons, entre autre parce que dès qu’elle était au sein j’arrivais à m’occuper du plus grand ! » Ainsi il arrive que la vaisselle de plusieurs jours s’empile sur le comptoir, que les paniers de linge sale s’emplissent plus vite qu’ils ne se vident, que le duo sandwich-soupe ou crudités saucisses soient au menu plus souvent qu’ailleurs, que les cartes de Bonne Année soient envoyées à la St-Valentin et le potager semé une fois le printemps bien avancé. Mais est ce bien grave ? Et si cela vous chagrine malgré tout, pourquoi ne pas annoncer clairement vos couleurs et valeurs dans un cadre dans l’entrée ?!!! « Ici on bricole, on invente, on créer passionnément. On profite du moment présent et on oublie un peu le rangement ! » ou « Le cahot est source de vie ! »

Travailler dans la coopération
Même si les enfants sont d’âges et de niveaux différents de nombreux apprentissages et intérêts peuvent être partagés. Chacun élaborant le concept en fonction de ses capacités. Il peut également être chouette de travailler dans la coopération. Je me rappellerai toujours le jour où mon fils de 9 ans avait écrit une histoire mais se désolait de ne pas réussir à l’illustrer. Je lui ai suggéré de demander à sa sœur qui du haut de ses 6 ans était ravie et drôlement fière. Il y a eu des périodes où ne maitrisant pas encore la calligraphie, elle lui dictait ses compositions et lui les écrivaient. De plus, expliquer ou apprendre à un plus petit est une bonne façon de réinvestiguer son propre savoir et d’ancrer de nombreuses notions. Au bout du compte, les enfants peuvent partager nombres de leçons, passions et projets ! Bien entendu l’histoire ne fait pas partie du programme de 1 ère année, mais quand cela intéresse un enfant pourquoi l’en priver sous prétexte qu’il n’a pas l’âge ! Chaque fois que l’enfant est intéressé et captivé il est beaucoup plus facile de l’intégrer plutôt que de devoir gérer un programme particulier pour chacun. La coopération signifie aussi s’entraider dans les moments les plus difficiles. Ainsi celui qui a terminé en premier, va s’occuper des plus jeunes plutôt que de narguer celui qui doit demeurer attablé. Distraire les plus petits, les aider à s’habiller, les porter, les bercer, raconter des histoires, initier le début d’un repas sont autant de choses qu’un enfant même jeune peut accomplir.


Des alternatives à la formalité des cahiers

Une chose est certaine, il est plus facile de rassembler plusieurs enfants autour d’un projet plutôt que dans un cahier. Les projets permettent à chacun de mettre ses talents à profit et d’avancer en fonction de son développement. En expérimentant, il est également plus facile de rendre la matière vivante. Si les arts et la philo sont sans conteste les matières les plus inspirantes à vivre avec des enfants d’âges différents il n’en reste pas moins que l’histoire peut se raconter, se dessiner, se mimer ou se déguiser ! Avec le français ont peut composer, dicter, illustrer, corriger, acter, déclamer ! Tandis qu’en mathématique on peut certes compter, mais aussi construire, jouer à la marchande, passer de la pâte a modeler au papier quadrillé pour la géométrie et ainsi de suite !

Le unschooling quant à lui, permet de vivre en harmonie avec la vie, une sorte de continuum naturel, dans le lequel la confiance est le mot d’ordre. Libres d’explorer, les enfants cheminent au gré de leurs passions … qui souvent sont contagieuses. Ainsi parents et enfants se rassemblent pour se prêter main forte, apprendre, découvrir et créer.


La contribution des papas

Dans un contexte où les enfants sont à la maison en continu cela sous entend qu’un parent ne travaille pas ou peu de façon rémunérée. Dans la plupart des cas, c’est souvent aux papas qu’incombe la responsabilité de la plus grosse partie du salaire. Cela sous entend la plupart du temps nombre d’heure en dehors de la maison. Par contre une implication de leur part, même minime peut faire la différence ! Chez Rose-Marie, 3 enfants, le papa est responsable des sciences et technologies. C’est l’occasion pour papa et fiston de passer un moment privilégié « entre hommes ». Dans d’autres familles, les derniers jours de vacances de papa sont dédiés à libérer maman de toutes les autres tâches afin qu’elle planifie l’année à venir. Certains pères s’occupent des raccompagnements aux activités extérieurs, prennent en charge un enfant le temps d’un apprentissage plus ardu et surtout aide les mamans à relativiser lorsque tout semble vouloir déraper !!!

 

Être en lien avec d’autres familles
Un proverbe africain dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant et bien on pourrait dire qu’il faut toute une communauté pour faire l’instruction en famille ! Dû moins là en réside certainement une partie du secret. Si concrètement, la plupart des familles font l’instruction seule chez elle, faire partie d’une association ou d’un regroupement permet de s’entraider, s’inspirer, se motiver, se lier d’amitié et d’échanger. Rose-Marie, se rappelle avec bonheur : « Les semaines qui ont suivi la naissance du petit dernier, les enfants sont allés jouer et travailler dans d’autres familles du groupe. Cela m’a offert un répit mais à aussi permis aux enfants de ne pas être en rupture avec leur rythme. Par la suite j’ai repris le chemin des découvertes avec eux… une visite au musée par ci, la découverte d’un fort par là, un pique-nique aujourd’hui, une exploration du littoral demain, etc. Mais je n’aurai pas pu faire ça sans l’aide des autres mamans. Il y en avait toujours une prête à bercer bébé le temps d’être un peu avec les plus grands, une autre qui avait préparé le repas du pique nique pour nous, etc. » Les rencontres avec d’autres familles sont de belles occasions de socialiser, de confronter nos idées, d’accueillir les différences, de partager nos réussites comme nos échecs mais surtout de grandir et d’enrichir notre projet qui est bien plus qu’un mode d’instruction.

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Prendre soin de chacun
Si tous les membres de la famille doivent être mis à contribution pour rendre possible un tel projet de vie, il est également impératif de prendre soin de chacun en le valorisant dans ce qu’il est mais aussi dans ce qu’il essaie et réussi en fonction de lui-même et non du reste de sa fratrie. Ceci revêt une importance particulière dans la mesure où en passant beaucoup de temps ensemble, les frères et sœurs peuvent être amenés à se comparer. Hors, les aptitudes peuvent varier énormément de l’un à l’autre. Quelque chose de facile pour le benjamin peut s’avérer extrêmement exigeant pour l’ainé, les forces et les faiblesses ne se situant pas toujours dans les mêmes domaines. Il importe donc que les enfants soient valorisés dans leur champ de compétence et encouragés dans leur difficulté. De plus si les plus grands peuvent inspirer les petits, il faut laisser à ces derniers le temps de vivre leur petite enfance. Et si l’on s’émerveille facilement des prouesses des tout petits il ne faudra pas oublier d’en faire autant pour les plus grands.

Finalement, instruire nos enfants en famille est un projet de vie qui se construit au fur et à mesure. Au fil du temps nous sommes mieux organisés ou plus intuitifs, nous parvenons davantage à faire confiance à nos enfants pour ainsi les guider plutôt que leur enseigner. La notion de temps et de réussite se relativise ce qui adoucit bien des maux et contribue à développer notre confiance. Néanmoins il y aura malgré tout des journées terribles remplies de doute et d’incohérence, et d’autres où tout coulera de source au cours desquelles nous vivrons l’intime et intense satisfaction d’avoir choisi le plus beau projet de famille.

 

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Par Laetitia Toanen

Laetitia Toanen, est maman de trois enfants et d’une petite étoile, riche d’une panoplie d’expériences tonitruantes ! Zoothérapeute, éducatrice périnatale, accompagnatrice en pratique rituelle, elle fait l’école à la maison et est l’auteur de différents livres et articles traitant de l’adoption, du maternage et de la vie de mère de carrière ! Sa grande passion; soutenir et valoriser l'implication et le rôle essentiel des mamans qui se consacrent à l'éducation de leurs enfants! Vous pouvez la retrouver sur son blog Rebelle des bois, celui du symposium Apprendre Autrement ou sur Chemins de traverse pour les rituels.

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