En temps normal, j’adooooooore parler de notre mode de vie exaltant en y voyant que le positif. Les apprentissages en famille nous permettent de vivre un quotidien riche, personnalisé, d’aller plus loin que le programme, de développer des talents et surtout, d’investir l’être en entier (le corps, le cœur, la tête, le spirit).
En ce moment, en réponse aux mesures mises en place dans les écoles et/ou à la peur ambiante, le nombre de familles qui font le choix de se tourner vers les apprentissages en famille augmente chaque semaine. C’est génial ! Je rêve de ce moment depuis des années… Sauf que j’aurais aimé pouvoir les côtoyer ces nouvelles familles. En personne. Quelle ironie ! Avoir autant rêvé de ce moment et ne pas pouvoir en profiter réellement. Mais ce n’est pas de ça que j’ai envie de parler aujourd’hui. J’ai envie de vous parler des défis qui viennent avec le choix d’instruire en famille. Il y a quand même quelques trucs à considérer avant de se lancer.
Parce que c’est un choix éducatif fantastique qui, comme toute chose, comporte des opportunités de dépassement. Voici donc quelques aspects que vous devrez développer si ce n’est pas déjà fait.
Être disponible pour les enfants (plus que d’ordinaire)
Tout d’abord, il faut être disponible pour le faire. Avoir l’énergie aussi. À plus forte raison si vous occupez un emploi en même temps. Beaucoup de parents-éducateurs réussissent à concilier travail et éducation à domicile mais ça demande de l’organisation, de la débrouillardise et un bon niveau d’énergie.
Il faut aussi avoir le temps de faire toute la paperasse que le Ministère nous impose et qui change constamment. Eh oui ! Les règles se métamorphosent au fil des semaines, si bien que ce qui est valable à l’automne de l’est plus au printemps et que les façons de faire sont toujours plus contraignantes même si le Règlement ne change pas. Vous allez vous ennuyer de Sébastien Proulx, l’ancien Ministre de l’Éducation. Mais vous allez trouver une communauté de parents-éducateurs-vétérans qui vont se faire un plaisir de vous aider. Et vous raconter l’histoire du Pourquoi il faut protéger nos droits maintenant. Il est aussi préférable d’adhérer à une association comme l’AQED qui vous apportera du soutien en cas d’abus. Parce que d’une personne-ressource à l’autre au Ministère, les demandes varient et il est possible que votre agent outrepasse ce qui est prévu dans le Règlement. Bien connaître la Loi et le Règlement est important afin de préserver la richesse dont on a besoin pour vivre des apprentissages en famille sur mesure. Vous trouverez les étapes à suivre pour le suivi avec le Ministère dans cet article.
Avoir la capacité de comprendre le contenu du programme
Si vous n’êtes pas familiers avec le programme, ce qui est attendu à chaque cycle, vous allez avoir besoin d’un peu de temps pour intégrer tout ça. Vous allez vous apercevoir que vous avez oublié pas mal de trucs depuis votre passage sur les bancs d’école. Raison de plus pour rendre les apprentissages signifiants !
Quand on commence, une façon simple de s’approprier la matière à voir est de choisir du matériel qui suit la progression des apprentissages. L’étude des tables des matières des cahiers choisis permet de se faire une idée vulgarisée du programme et on se rend vite compte que c’est bien plus simple qu’on se l’imagine. Vous aurez à compléter avec des activités d’intégration à l’écrit et à l’oral, pimenter avec des sorties, des documentaires, des conférences en ligne.
Sachez que votre enfant peut progresser facilement dans certaines matières, plus difficilement dans d’autres ou chevaucher plusieurs niveaux. Plusieurs parents ont la surprise de constater, en retirant leur enfant de l’école, que celui-ci n’est pas réellement au niveau attendu. Il y aura peut-être des mises à niveau à faire.
Être prêt à réorganiser le quotidien (peut-être même régulièrement)
Les apprentissages en famille demandent un minimum d’organisation. Surtout si vous avez une famille nombreuse. Sachez que vous n’avez pas à prévoir autant de temps « scolaire » qu’à l’école. Le ratio un pour un permet de voir la matière beaucoup plus rapidement. Chaque famille fonctionne à sa façon. Certaines familles font du travail formel le matin et font des sorties et des projets personnels en après-midi. D’autres n’ont pas le choix de faire le travail formel le soir et les weekends en raison de leur horaire de travail. Ici, on aime bien commencer la journée avec des projets créatifs pour libérer de l’espace afin de faire place à de nouvelles notions. Bref, chaque famille crée son quotidien sur mesure.
Si vous avez plusieurs enfants de niveaux différents, pensez à avoir sous la main plusieurs jeux qui permettent de jouer seul pendant qu’on accompagne les frères et sœurs. Voici quelques suggestions : Sudoku Color Cube, Architecto, Equilibrio, Jumpin, Alerte ! Astéroïdes, L’Aventurier, Sherlock Holmes : Détective conseil, Tangram, Chromino, IQ Fit. Ayez aussi du matériel de manipulation accessible comme : chiffres de 1 à 100, alphabet mobile, formes et fractions, base de 10, tour Montessori, jeu d’associations, carte du monde et drapeaux, boulier, matériel sensoriel, casse-tête du monde. Ayez aussi une belle sélection de livres sur divers sujets à portée de main. C’est le moment de cultiver l’art d’apprécier le beau ! L’Anthologie illustrée des animaux et L’Anthologie illustrée de la nature sont des exemples d’incontournables à avoir.
Savoir faire face aux critiques et aux préjugés
Plus que jamais, les gens qui vivent mal leurs choix éducatifs seront d’attaque quand vous aborderez votre désir de prendre en charge l’instruction de vos enfants. Plusieurs prennent cette décision comme une attaque personnelle. Comme une critique. Il faut apprendre à laisser aux autres ce qui leur appartient et se concentrer sur notre propre voie.
Il faut aussi avoir quelques réponses en tête.
Les commentaires les plus fréquents sont :
- Hein ?! Mais tu n’es pas prof ! Tu ne peux pas faire ça ! À cela, j’aime répondre que les profs sont formés pour s’adresser à une classe au complet avec des enfants tous aussi différents les uns des autres. Nous n’avons pas à avoir cette approche quand on fait du un pour un. Aussi, ce commentaire laisse présager que malgré notre propre scolarité, nous avons rien appris. N’est-ce pas contradictoire de défendre l’école en sous-entendant qu’elle n’apprend rien aux enfants ?
- Tes enfants ne seront pas socialisés ! Il faut d’abord se demander ce qu’on entend par socialisation. Est-ce qu’on parle du fait d’être forcé de partager un même lieu avec beaucoup d’enfants sous la supervision d’un adulte en position d’autorité ? Est-ce qu’on parle de capacité à entrer en contact chaleureux, à soutenir une conversation, à collaborer, à cocréer ? Si c’est le cas, l’éducation à domicile permet tout ça et très facilement !
- Ils ne seront pas prêts à affronter la vraie vie. Comme si préparer les enfants pour la « vraie » vie consistait à les éduquer en dehors de la vie dans le but de les préparer à intégrer la « vraie » vie après 20 ans. N’est-ce pas plus simple de vivre son enfance dans la vraie vie tout simplement ? Et si on vous dit qu’il est important que les enfants s’habituent à la compétition, à la soumission, à la méchanceté (Eh oui ! On me l’a dit plus d’une fois.), à la négation de soi, vous pourrez toujours affirmer votre désir de participer à l’élaboration d’un monde meilleur.
S’entendre entre parent au sujet de l’approche éducative
Plusieurs parents ne s’étaient jamais questionnés au sujet de l’approche idéale pour leur enfant. Quand on choisit de ne pas déléguer l’éducation de nos enfants, tôt ou tard on doit choisir une approche. Et il y en a plusieurs !
Non seulement il faut choisir une approche (classique, éclectique, traditionnelle, unschooling, par projets, etc.) mais il faut aussi s’entendre entre parents sur l’approche à privilégier avec nos enfants. Une approche peut ne pas convenir à tous nos enfants aussi. Soyez prêts à vous informer et à en discuter. L’éducation à domicile (aussi disponible en livre audio) détaille plusieurs approches avec les avantages, les défis et plusieurs témoignages.
Trouver du temps pour soi
C’est facile de s’oublier quand on choisit de faire les apprentissages en famille. On pense constamment à rendre l’expérience éducative la plus riche possible. On pense aussi trop souvent aux obligations que nous avons à remplir envers le Ministère. On peut vite s’épuiser et oublier de prendre soin de soi, de se recentrer et d’exploiter nos propres talents. C’est d’ailleurs une raison qui pousse certains parents-éducateurs à mettre un terme aux apprentissages en famille. On ne se reconnaît plus. On a l’impression de ne plus avoir de vie à soi et de ne plus jouer un rôle important pour la société.
Personnellement, j’ai longtemps rechigné à prendre du temps pour moi. Ayant eu une garderie en plus de faire les apprentissages en famille pour mes enfants pendant plusieurs années, j’étais trop submergée pour penser prendre du temps pour moi. Depuis que j’ai choisi de vivre avec moins mais d’avoir tout mon temps (presque) pour les apprentissages en famille, je me libère un moment chaque jour pour exploiter mes passions et créer. Je peux réinvestir mes passions dans les apprentissages des enfants et ainsi nous sommes tous gagnants !
Gardez en tête que votre épanouissement profite aux apprentissages et que ce que vous faites comme parent-éducateur est hautement profitable à toute la société : vous éduquez des citoyens dont l’expérience unique apportera beaucoup au monde de demain.
En terminant, il n’y a rien ici qui ne peut pas être surmonté. C’est même plutôt une belle occasion de développer de nouvelles aptitudes, de nouvelles attitudes aussi. Et en plus, on s’offre l’opportunité de réapprendre de façon significative. Un cadeau !
Pour lire encore sur le sujet :
*Oui ! L’école à la maison c’est légal !
*Ce qu’il faut comme parent pour faire l’école à la maison.
*Préparer les enfants pour la vraie vie, ça veut dire quoi ?
*18 bonnes raisons de choisir les apprentissages en famille.
* Pour en finir avec la socialisation.