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Pour en finir avec la socialisation

 

Socialisation : Le fait de développer des relations sociales, de s’adapter et de s’intégrer à la vie sociale.

 

Cette définition du mot socialisation est tirée du dictionnaire Le nouveau Petit Robert de la langue française.

J’aimerais attirer votre attention sur s’adapter à la vie sociale.

C’est où ça la vie sociale ?

Est-ce que c’est un lieu clos exclusivement réservé à des enfants exactement du même âge ?

Est-ce que s’adapter à la vie sociale ne signifie pas plutôt être capable d’entrer en relation avec toutes sortes de personnes dans toutes sortes de contextes ?

 

Quand on nous demande si nos enfants socialisent parce qu’ils ne passent pas 5 jours semaine en garderie ou à l’école, dans le fond, on ne nous demande pas si nos enfants sont capables d’être en relation. On s’inquiète qu’ils ne soient pas en contact forcé avec plein d’autres enfants exactement du même âge. Et cette mise en contact forcée ne va pas forcément les préparer à s’adapter à la vie sociale.

 

Il y a une foule d’enfants qui passent 180 jours d’école ou encore 250 jours en garderie par année sans jamais se faire un seul ami véritable, sans jamais s’y adapter.

J’ai moi-même passé 2 ans dans une école sans jamais sentir que je connectais vraiment avec quelqu’un.

Savoir le nom de 200 personnes ne changeait rien à l’affaire. Être assise dans la même classe que 30 ados du même âge que moi non plus. Et être en récré dans une foule imposée encore moins. Heureusement, mes parents ont accepté que je change d’école pour rejoindre ma meilleure amie qui avait 2 ans de plus que moi. Et cette amie, je ne l’avais pas rencontrée l’école. Cette amie n’était pas non plus du même âge que moi.

 

Des liens humains, ça ne se force pas. Ça se crée.

 

C’est possible qu’être enfermé dans une cour clôturée avec des dizaines, voire des centaines d’enfants ne nous apprenne pas à communiquer, à échanger nos idées, notre vécu, nos ressentis.

C’est possible qu’on n’y apprenne jamais la collaboration, ni même l’acceptation de l’autre.

C’est possible qu’on y apprenne à s’effacer, à se faire tout petit, presque invisible.

C’est possible qu’on y apprenne à se faire un mur, une armure, à se couper de soi-même et même des autres.

C’est possible qu’on y apprenne l’humiliation, le rejet, la révolte.

C’est possible que s’intégrer à la vie sociale ne se passe jamais dans un tel contexte.

Quand on nous demande si nos enfants, qui sont partout avec nous dans la vie (sur la rue, au parc, à l’épicerie, au musée, à la bibliothèque, chez des copains, des cousins, des voisins, en voyage, dans des cours de toutes sortes…), SOCIALISENT, au fond on nous demande : Est-ce que vous imposez à vos enfants des mises en contact forcées en milieu clos avec des enfants du même âge ?

Que la réponse soit oui ou qu’elle soit non, qu’importe, puisqu’on on ne parle pas ici de socialisation.

 

Développer des relations sociales, s’adapter et s’intégrer à la vie sociale ça peut très bien se faire ailleurs que dans des lieux expressément conçus pour contenir beaucoup d’enfants.

Développer des relations sociales, s’adapter et s’intégrer à la vie sociale ça se fait très bien en famille, dans la vie de tous les jours.

Je me demande si au fond, cette peur du manque de socialisation de l’enfant ne serait pas plutôt une crainte de laisser à l’enfance sa liberté.

Par Julie Roux

Maman intégrale de 2 enfants libres ayant un penchant naturel pour le bonheur, Julie a troqué la sociologie et la naturopathie contre la vie familiale qu’elle a choisie. Maman à la maison pas si souvent à la maison, elle adore sortir, voyager, réfléchir sur l’enfance et sur l’éducation.