Ce n’est pas du tout le texte que j’avais préparé. J’en avais pourtant presque terminé l’écriture. En fait, il ne me manquait qu’un peu d’orthographe et peut-être quelques syntaxes. Je n’ai pas jeté ce texte. Je le publierai le mois prochain. Ce qui me donne un peu d’avance!
Mais… Il s’est passé un évènement inattendu. Rien de bien extraordinaire. Sûrement que vous serez plusieurs à le trouver banal. Je le comprends. Au fond, je ne sais pas pourquoi j’y mets autant d’importance. Est-ce que c’est parce que la vie m’a prouvé une fois de plus sa beauté, sa valeur, sa force, sa détermination et sa volonté de survivre? À moins que ce ne soit que la puissance de l’amour? Je ne sais pas. Je sais par contre que je suis émue. Qu’il ne passe pas une journée sans que je ne sois à l’affût? Je surveille, je couve. Et j’observe. Parce que la vie est là!
– « Maman, vient voir. On dirait qu’il y a un espèce de lézard avec des poils! »
– « Hum! Puce, je ne suis pas sûre que ça existe les lézards avec des poils. »
– « Oui, mais vient voir…. »
Voilà comment tout a commencé.
Il y a moins d’une semaine…
Le lézard à poils était en fait un bébé oiseau. Fraichement né. Les yeux clos, la peau translucide. Quelques poils disparates sur la tête.
On s’est mis à la recherche du nid, de la maman. Rien en vu. Mais il vient d’où?
On l’a receuillit.
On l’a laissé sur la table à pique-nique pour aller prendre une marche en pensant que sa maman viendrait le chercher si elle le voyait. Quand on est revenu, il n’était plus là. Réjouits, nous pensions qu’il était retourné avec les siens. Mais il était plutôt sous la table. Il avait dû tomber en remuant pour manger.
Pour le calmer, les enfants ont décortiqué des fourmis et des araignées et lui ont mis les morceaux dans le bec. Ça n’avait pas l’air de marcher.
On lui a fabriqué un nid avec des feuilles dans une pieuvre pour le sable. Il était confortable, mais il n’avait pas manger et ce, depuis plusieurs heures déjà. J’ai sorti l’arsenal de la maman : Du lait mélangé avec un peu de yogourt grec pour le rendre plus épais!
Je prend une pause ici pour vous permettre de rire. Oui, je sais que vous riez!!! Ça y’est? Votre rate va mieux? Je peux continuer?
Je disais donc, j’ai mélangé du lait avec du yogourt grec. J’ai pris une seringue pour bébé et j’ai déposé le tout dans son bec. Il a avalé. Je le sais parce que son corps est si translucide que je peux voir le lait descendre dans son oesophage jusqu’à son estomac. Il ne réclame plus. Il n’a plus faim ou il n’aime pas ça?
Je vais continuer de lui donner pendant trois ou quatre fois jusqu’à ce que l’on doive constater qu’il ne va pas mieux. Il s’est couché dans son lit improvisé. Il ne bouge presque plus. Son coeur et ses poumons que nous pouvions voir à travers son corps, se gonflent à peine. « Mes amours, on a essayé, mais il est temps de le laisser partir. On ne peut pas le laisser souffrir. Il va s’endormir et partir tout doucement. » Mon fameux mélange l’a gardé en vie quelques heures de plus. Il n’est par contre pas suffisant pour le garder en vie plus longtemps.
En pleurs, mes enfants se proposent de l’enterrer quand il sera mort. J’ai le coeur gros. J’aurais tellement voulu le sauver. Mais on nourrit ça comment un bébé oiseau?
Cette histoire a pris la place de celle que j’avais presque terminé d’écrire parce que la vie est forte. Et c’est ici qu’elle le prouve : Maman oiseau va se pointer le bout du nez. Au raz des arbres pour disparaitre dans un conifère. C’est en la suivant des yeux que je découvrirai le nid. Contenant trois petits bébés et un oeuf encore clos. Avec empressement, nous prenons notre bébé oiseau pour le glisser dans le nid. On va maintenant attendre. Attendre de voir si la vie sera suffisamment forte pour le garder vivant. Attendre de voir si maman oiseau le gardera près d’elle.
On a surveillé toute la journée. Bébé oiseau est encore vivant et il a maintenant un nouveau petit frère ou petite soeur, car l’oeuf a éclos.
Le lendemain matin, on retrouvera un bébé par terre. Est-ce le même, rejeté par sa maman, ou un autre balayé par le vent de la nuit dernière? Une chose est certaine, il est fatigué, mais il est vivant. On le remet dans le nid et on attend. La journée passe et les cinq bébés sont dans le nid, alimentés par maman et papa qui se passent le relai sans relâche.
Les jours ont passé. On a continué de surveiller.
Notre bébé oiseau est encore vivant. Il a doublé et est couvert de plumes. Il est plus petit, mais il est là. Je ne saurai jamais si ce petit oiseau avait été rejeté volontairement, par deux fois peut-être, par sa maman. Était-il trop chétif pour mériter sa place? Je suis certaine d’une chose : La vie avait choisi de le garder et nous avait choisi pour le sauver.
Tous les jours, je scrute le nid pour admirer la force qui a animé ce bébé oiseau. J’admire le va et vient de maman et papa. J’admire l’amour qu’il a fallut pour accepter ce bébé venu du ciel. Et je suis émue. Parce que ce bébé oiseau est vivant grâce à moi!
On l’appelle Dieu, le destin, la fatalité, Jésus. Pour moi, c’est la vie. Parce que ce qui m’entoure vit. Parce que je ne contrôle pas tout. Parce qu’elle décide. Elle a voulu que je sois là pour ce bébé oiseau. Il était destiné à vivre. J’étais destiné à le sauver. Il fera désormais partie de ma vie. Je fais partie de la sienne. Le cycle de la vie continue. Être là où on doit être. Le miracle d’être vivant.
C’est sûrement banal. Probablement un détail. C’est la vie, tout simplement!
4 réponses sur « Quand la vie décide de vivre! »
Juste wow ! Beau texte. La vie est belle. C’est par ces petits gestes concrets que les enfants apprennent à croire et avoir confiance en la vie.
Belle expérience de courage et de cœur! Merci d’avoir partagé.
Merci pour vos commentaires. Et pour faire le suivi… Nos bébés sont encore vivants et ils ont tentés de s’envoler hier! Le cycle de la vie continue 😀
[…] Quand la vie décide de vivre, par Nathalie […]