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Le passage obligé de la scolarité

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Avec la fin d’août qui arrive, pas moyen de se soustraire à la rentrée scolaire. Tout le monde s’y met ; publicité pour profiter des derniers jours d’été, rabais sur les crayons et cahiers, sans oublier les marchands de vêtements qui ont troqué les froufrous et bretelles colorés contre des morceaux pleines longueurs sans couleurs. On biffe les derniers jours sur le calendrier, puis la fatalité finit par frapper ! Retour forcé aux apprentissages obligatoires !

Cette période a toujours fait mal à mon cœur, pour moi c’est une rentrée obligée dans le tordeur. Parce qu’une date est arrivée on n’a plus d’autres choix que de se conformer. Fini la liberté, la possibilité de se réaliser, de se déployer, de s’émanciper, dorénavant les journées seront formatées, le contenu préparé, les évaluations planifiées. Et il n’y a aucun moyen d’y échapper. Certes on peut un tout petit peu s’écarter, en choisissant des écoles alternatives, des cursus à distance ou en faisant l’école à la maison. Mais au final ce n’est qu’une illusion… une demi-vérité parce que dans la réalité ces familles vont être épiées, observées, évaluées et peu importe leur capacité à habiter la marge ou à prendre le large, au bout du compte ils vont devoir rendre des comptes. En juin prochain il leur faudra démontrer qu’ils ont su assimiler toutes les notions édictées par le ministère de l’éducation. L’école est obligatoire et de 6 à 16 ans aucun enfant ne pourra y échapper !

L’adulte, lui, peut se rebiffer, négocier, décrocher, se replier. Personne ne l’oblige à travailler. Libre à lui d’être employé ou patron selon les saisons, d’être à temps partiel, en congé maladie ou en formation, d’arpenter les océans, d’utiliser ou non ses talents, de vivre dans la rue, dans sa voiture ou de cotiser pour le futur. Je ne dis pas que c’est aisé, simplement, l’adulte, dans nos contrées, n’est pas obligé. Mais l’enfant, ne peut ni différer, reporter, faire patienter ou s’en aller. L’enfant est contraint, la loi a scellé son destin. Contraint de se lever chaque matin, beau temps mauvais temps, pour aller s’asseoir dans une salle de classe et être forcé d’écouter, d’apliquer, pratiquer et restituer ce que l’on a décidé de lui enseigner. S’il n’est pass assez concentré on n’hésitera pas à le médicamenter ! On pourra également le manipuler pour le motiver ou pire encore le menacer. Même hospitalisé on lui mettra des cahiers sous le nez !

Alors que nous sommes nombreux, à clamer que nos enfants sont ce que nous avons de plus précieux, le cadre dans lequel ils sont contraints d’apprendre a plus d’analogie avec celui d’un prisonnier qu’un être en pleine liberté ; obligation de silence sous peine de sentence, restriction de mouvement et de déplacement, autorisation requise pour aller se soulager, travaux forcés… à la seule différence que nos enfants châtiés avec soins, n’auront pas droit à une remise de peine même s’ils se conduisent bien.

Et tout cela n’a rien à voir avec ce que je pense ou ne pense pas du cursus, des profs, du système éducatif et de ses impératifs. Non cela a simplement à voir avec la liberté d’exister, de se déplacer, de se réaliser selon nos souhaits et non selon les nécessités d’une société.

Alors que l’on vit une soi-disant démocratie, une équité pour tous, une sécurité assurée, nous sommes en fait enfermés. Tous les jours des gens décident à notre place de ce qui est le mieux pour nous, notre maisonnée, notre trâlée, notre intimité. Tous les jours on tire des ficelles et on coupe des ailes. Au nom de quoi ? D’une accessibilité, d’une éducation uniformisée afin de donner des chances maximisées à un ensemble de petits êtres … privés de liberté. Je ne dis pas qu’il faut brûler les bancs d’école, mais peut-0n seulement arrêter d’être obligé d’y aller. Peut-on avoir la possibilité de choisir d’apprendre autrement avec un autre rapport au temps ? Est ce qu’une commission scolaire pourrait apprécier le grand déploiement d’un enfant même s’il ne maîtrise pas ses tables de multiplication et le subjonctif présent à 9 ans ? Qui a décidé que le savoir faire de mon grand-père pour cultiver la terre était moins important que les protagonistes de la deuxième guerre mondiale et de son arsenal. Qui a décrété que Molière et Beaudelaire devaient être des classiques, alors qu’aux quatre coins du monde il s’écrit des Haïkus, des cassalas, et autres beautés littéraires. Pourquoi ne peut on pas méditer, marcher dans la forêt ou dessiner à volonté ? Pourquoi faut-il être fort en math pour entrer en danse-étude, en psycho ou en bio ? Qui a décidé que certains métiers avaient de l’avenir alors que d’autres étaient destinés à mourir ?

Nous vivons dans une dictature du savoir, que nous sommes forcés d’enfoncer dans le crâne de nos enfants chaque soir. Chaque apprentissage est chronométré et doit être maîtrisé à un âge donné. Sous prétexte d’une bonne culture générale, on a oublié la culture ancestrale. On a laissé tomber les travaux manuels, trafiqué nombre de vérités et fait l’apanage de situations pour toujours paraître à notre avantage.

Je ne suis pas non plus en train de suggérer que l’on retourne à des temps passés où les enfants constituaient, trop souvent, de la main d’œuvre bon marché. Non je questionne seulement et vraiment un rapport aux temps et aux apprentissages différents. Un espace à l’intérieur duquel il serait possible de cheminer à son rythme, sans pressions ni jugement, sans obligation ni tourment. Un espace où l’enthousiasme d’apprendre et la possibilité de répondre à nos questionnements constitueraient un moteur suffisant, où le plaisir de découvrir, la possibilité de faire sens et d’honorer notre essence serait considéré, apprécié, valorisé, estimé, pour l’édification du monde et sa stabilité. Un espace où l’être humain peut exister et manifester son unicité, plutôt que d’être considéré comme un être à former par le biais de cursus planifiés et orchestrés pour la province au grand complet, dans le but de combler les besoins dictés par le marché.

Je ne veux plus avoir mal à mon cœur, je ne veux pas du tordeur.
Je ne veux plus de ces rentrées forcées et de ces travaux obligatoires qui minent mes espoirs. Je veux que mes enfants puissent évoluer à leur gré, qu’ils puissent avoir accès aux savoirs de la terre entière, développer leur personnalité, établir leurs propres vérités, définir leur priorité, goûter à l’empathie et la compassion, cultiver leur passion pour qu’ainsi ils puissent avoir l’espace et la possibilité de se déployer, d’oser, de rêver et de réaliser … tous les changements que nous nous sommes acharnés à endiguer.

 

Rebelle des bois

 

 

Commentaires

Par Laetitia Toanen

Laetitia Toanen, est maman de trois enfants et d’une petite étoile, riche d’une panoplie d’expériences tonitruantes ! Zoothérapeute, éducatrice périnatale, accompagnatrice en pratique rituelle, elle fait l’école à la maison et est l’auteur de différents livres et articles traitant de l’adoption, du maternage et de la vie de mère de carrière ! Sa grande passion; soutenir et valoriser l'implication et le rôle essentiel des mamans qui se consacrent à l'éducation de leurs enfants! Vous pouvez la retrouver sur son blog Rebelle des bois, celui du symposium Apprendre Autrement ou sur Chemins de traverse pour les rituels.

Une réponse sur « Le passage obligé de la scolarité »

Je comprends tellement ce texte et je suis avec vous tous pour dire que oui la scolarité est importante cependant comme je suis maintenant mamie de 62 ans …. J’ose vous dire sans prétention que la liberté et le rythme d’apprentissage est possible….j’ai pourtant fait tous le primaire a mon fils a la maison sans avoir à remettre des comptes au ministère d’éducation ….et oui c’est possible !

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