Si vous êtes déjà parent à la maison, peut-être avez-vous eu une version de cette conversation typique:
Personne X : Alors, qu’est-ce que tu fais dans la vie?
Parent à la maison : Je suis avec mes enfants à les aider et les voir grandir, je fais ce que j’aime de ma journée au travers des tâches quotidiennes, et je suis bien à la maison.
Personne X : Ah euh, ton travail? (Impliquant qu’on se définit par notre rôle, notre travail, alors que ce n’est qu’une étiquette.)
Parent à la maison : Euh, je suis gestionnaire familial (hé, ça fait beau dit comme ça!)
Personne X : ?? (Points d’interrogation dans les yeux.)
Parent à la maison : Je suis un parent à la maison, un parent professionnel, je m’occupe de mes enfants à temps plein.
Pour les chanceux, on se fera féliciter! Mais il y aussi des réponses amères, même sans méchante intention. Nous pouvons avoir généralement ces choix de réponses :
Personne X :
– Un quoi? (Vous répétez.) Qu’est-ce que ça fait (entendre, « mange en hiver ») un parent à la maison?
– …? (S’interroge, il se dit que ça doit être parce que vous êtes vieux jeu ou n’avez pas d’argent. Prend pitié de vous, n’abordera pas plus le sujet.) Y fait beau hein!?
– Tu dois être occupé(e) avec tes enfants… Mais qu’est-ce que vous faites toute la journée?
– Tu ne t’ennuies pas tout le temps chez vous?
– Quand est-ce que tu retournes travailler?
– Ah, t’as du temps chanceux(se), t’es à la maison!Parent à la maison : (Se sent obligé de détailler sa vie.) Oui c’est le fun, oui c’est du travail, non je ne pense pas retourner travailler, on n’est pas tout le temps chez nous, c’est un choix, pour le temps il faut seulement le gérer de la façon qu’on veut j’en ai autant que n’importe qui dans une journée, alouette! (Aimerait qu’on soit content pour lui et que les gens voient que c’est fantastique la plupart du temps : il n’y a pas d’horaire fixe, on profite du beau temps, on est là pour son enfant, c’est naturel, oui on peut être accompli dans ce rôle, etc.)
C’est vraiment en faisant le choix de rester à la maison qu’on se rend compte des préjugés ou du manque d’information sur cette fonction dans notre société. Pourtant, c’est le métier le plus pratiqué à travers le temps et il est encore important à l’échelle mondiale! Heureusement, ce rôle peut vraiment faire notre bonheur et on peut mettre fin à ces interrogations, tant dans l’esprit des autres que ceux qui se présentent dans le nôtre qui nous font douter que c’est le bon choix, en faisant circuler l’information sur ce que c’est en réalité d’être un parent à la maison.
Une tournée des essentiels d’être un parent à la maison…
Qui?
Les nouveaux parents à la maison sont ceux d’un mode de vie millénaire revisité. À travers le temps, typiquement au moins un parent s’occupait des enfants au foyer, au moins jusqu’à l’entrée à l’école quand elle existait. La génération des babyboomers a vu la femme quitter la maison mais souvent après avoir été mère au foyer, quand les enfants ont été plus grands.
De nos jours, les parents à la maison des génération X et Y ne sont pas si nombreux, mais ils le font par choix, en mesurant les avantages de le faire. Ce sont des mères en majorité, mais aussi des pères, dont environ 100 000 au Canada qui aiment concilier ce rôle avec un travail à partir de la maison et qui sont tout aussi compétents. Les parents qui décident de rester à la maison mettent une pause sur leur carrière déjà entamée, ou la mettent en place et la poursuivent de la maison, mais ils passent la majorité de leur temps avec leurs enfants. En bref, c’est une alternative à la vie agitée de deux parents travaillant à l’extérieur de la maison, un mode de vie sur mesure, et c’est un retour à une vie plus solidaire que celle prônée par une société individualiste et matérialiste, pour vivre selon des valeurs familiales plus naturelles.
On peut espérer que de plus en plus les nouveaux parents de la génération Y, nés dans les environ de 1980 à 1995, feront le choix de rester à la maison, car pour eux le travail n’est pas le plus important, même si l’emprise de la famille a diminuée au profit des pairs, et ils cherchent une alternative pour s’épanouir, prendre soin de leurs enfants et avoir une meilleure qualité de vie. Contrairement à leurs parents, les jeunes de la génération Y ne placent pas le travail au premier plan. Ils refusent de travailler durant les fêtes et week-ends (sauf en emploi étudiant) et veulent des congés pour décompresser, car la santé mentale et physique s’avèrent être leur priorité. Ils recherchent une meilleure qualité de vie, en conciliant travail et intérêt personnel.
Quoi?
Vous êtes maintenant parent à la maisons, vos tâches sont multiples et diversifiées. Être un parent à la maison, c’est comme gérer une petite entreprise avec amour. Allant de la grossesse au soutien tout au long de la vie de l’enfant, le parent à la maison jongle avec donner l’amour et l’attention nécessaire à toute la famille, accompagner dans l’éducation et la discipline, répondre aux besoins, faire la gestion du stock comme la nourriture, les vêtements et le nécessaire d’activités, être coach de vie, chauffeur, en plus d’être disponible quasiment 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Oui, c’est exigeant parfois, mais oui on peut aussi se la couler douce par moment. Tout dépend de la qualité de notre gestion, de nos choix, et de nos attitudes de vie.
C’est souvent aussi dévalorisé alors que ça devrait être vu comme un vrai métier; il est calculé qu’un travail parent à la maison vaut un salaire d’environ 115 000 (salary.com)! Il est important de le faire reconnaître mieux. Au sujet de la reconnaissance qu’ont les parents à la maison, actuellement, même si on voit les bénéfices d’être parent à la maison les gens qui le font peuvent être stigmatisés et dévalorisés. On ne semble pas reconnaître leur rôle pilier dans la société, car les programmes sociaux ne les avantagent pas particulièrement. Par exemple, on pourrait leur verser le montant qui est accordé à ceux qui placent leur enfant en garderie. Au Québec, l’ADQ souhaitait instaurer un salaire pour le parent à la maison, et l’éducation à la maison ne reçoit pas de support. Nous avons donc intérêt à publier l’information sur les avantages pour tous d’un parent qui reste à la maison, à faire tomber les préjugés et s’allier pour avoir une bonne reconnaissance sociale :
– Est-ce utopique de penser qu’un jour, les pères au foyer pourraient former un solide réseau susceptible de se constituer en lobby et d’influencer les politiques familiales des gouvernements et des entreprises ?
– Comme je le rapporte dans mon livre, la plupart des pères que j’ai interrogés soutiennent qu’ils n’ont jamais connu métier plus dur et plus difficile que celui de parent. Dès lors, les hommes en viennent à constater à quel point le travail parental, pourtant vital, est socialement dévalorisé. Ils ajoutent ainsi leurs voix à celles des femmes qui, depuis des générations, revendiquent la valorisation de leur travail non rémunéré.
[ Andrea Doucet, sociologue auteure de Do Men Mother?, interviewée par Jean-François Gazaille)
C’est possible d’être accompli à la maison. De un, nous avons la possibilité d’avoir plus de temps pour une passion, du bénévolat ou toute autre activité qu’on aime. De deux, nous n’avons pas à mettre fin à notre carrière si nous souhaitons travailler. Il y a plein de possibilités de rémunération, allant de partir une entreprise, à travailler à la pige ou à contrat selon ses talents, garder d’autres enfants… Les possibilités sont quasiment illimitées, il suffit de les imaginer sur mesure au temps, à la disponibilité et aux moyens que nous avons, mais beaucoup est possible surtout avec la mobilité que permet les moyens de communication d’aujourd’hui.
D’ailleurs, grâce aux nouveaux moyens de communication, nous n’avons pas à être isolés et pouvons être en contact avec un vaste réseau social. Il faut juste se permettre de pouvoir s’organiser des activités sociales, en ligne ou hors ligne.
Quand?
Il est possible de se préparer de rester à la maison avant d’avoir des enfants, jusqu’à rester à la maison pour le restant de nos jours si cela nous convient bien. Par exemple, nous avons acheté notre maison en conséquent qu’un de nous resterait à la maison (moi, yé!) en mettant dans les calculs le salaire d’un seul parent. Nous étions sûrs de pouvoir y arriver de cette manière, sur un seul revenu. Si vous souhaitez être un parent à la maison, vous pouvez aussi placer le salaire de celui qui restera à la maison dans un compte épargne, ça sera à la fois un coussin financier et un moyen de voir si votre train de vie doit être ajusté à la baisse, puis de voir que c’est quand même facile avec de la volonté et de la préparation de faire le saut!
Étant donné que la qualité de vie semble toujours s’améliorer et que la planète en général améliore ses conditions de vie, on peut penser qu’être parent à la maison restera un rôle important pour avoir des avantages comme un horaire flexible, moins de fatigue chez les parents, et une présence parentale proche pour les enfants.
Où?
On dit « parent à la maison », ou « au foyer », mais dans le meilleur terme serait « Parent avec son enfant ». Car nous avons la possibilité d’être mobile. En étant moins pris par le travail, nous pouvons voyager plus si on le souhaite et avoir le temps de s’y préparer. Il y a plein de récits de parents qui ont fait le tour du monde avec leurs enfants, dont en voilier. Ils sont vraiment inspirants, d’ailleurs c’est un de nos projets personnels de voyager lorsque mes enfants seront plus vieux. On peut faire l’éducation sur la route, et ils apprennent beaucoup de cette expérience.
Les activités ne sont pas limitées à la maison non plus en général. Sans horaire et plan fixe, le parent et l’enfant « à la maison » explorent les environs, font du social dans la communauté, aux activités et commissions, et interagissent avec la société en général; pour les enfants ce n’est pas seulement avec leurs pairs. Il reste que la résidence est le nid douillet où le matériel de base se trouve et l’on y est généralement bien installé, le parent à la maison pouvant faire ses tâches avec son enfant ou à proximité, ou en faisant ensembles des périodes d’activités.
Dans les sociétés industrialisés, nous avons le choix entre la résidence en tant que locataire ou propriétaire. Les parents à la maison qui doivent avoir des dépenses restreintes optent souvent pour l’appartement, car le coût peut sembler moins élevé. On peut aussi rester en ville et se débarrasser de la voiture et ses coûts. Mais rester en condo ou en maison a ses avantages, malgré les quelques frais, car le montant donné sur l’hypothèque nous reste, c’est un capital. Pour réduire les dépenses, les parents à la maison gagnent justement à acheter une maison en région car les coûts y sont moins élevés. Un autre avantage de rester là est que les communautés ont des valeurs plus solidaires en région et l’on peut y avoir un réseau de soutien. D’ailleurs les régions se repeuplent de nos jours. Quoique soit le choix fait, il tient compte des valeurs et des besoins spécifiques de la famille en question.
Pourquoi?
C’est personnel à chacune des familles qui fait le choix, mais voici quelques-uns des avantages et des bienfaits :
– Plus de temps avec une bonne gestion de celui-ci;
– Retour à des valeurs familiales qui ont fait leurs preuves;
– Possibilité d’un meilleur lien d’attachement enfant-parent, ce qui est fondamental pour le bon développement de l’enfant, et d’une relation proche qui pourra continuer pour toutes vos vies, car le lien aura été nourri et non distant.
– Possibilité de bien répondre à tous les besoins de la famille, autant de l’enfant, de son conjoint que de soi.
– Possibilité d’un horaire flexible et d’accomplissement autant du parent que de l’enfant;
– Plus de bonheur! En effet, une étude de Wilcox et Nock démontre que lorsque la mère reste à la maison (mais ce pourrait aussi bien être le père), la cellule familiale est plus heureuse, ayant moins d’heures de travail pour chaque parent, et ne dépensant pas d’argent pour travailler, même si le parent qui reste à la maison n’a pas de « carrière »;
– La possibilité d’être le rôle modèle, l’influence principale, de son enfant et de vivre toutes les étapes et les moments magiques avec lui.
– La possibilité d’élever un citoyen qui aura des bonnes valeurs, solidaire, et accompli car on se sera occupé qu’il suive sa voie.
– Hausse de la qualité de vie générale en veillant aux besoins fondamentaux de chacun.
Comment ?
Tout d’abord pour ceux qui sont sur le marché du travail, pour être parent à la maison on doit quitter son travail pour s’occuper de son enfant. On peut le faire même avant la grossesse, pour la plupart ce sera en cours de grossesse ou à la naissance de l’enfant. Si on planifie rester à la maison, on peut arranger les détails pour pouvoir le faire, adapter notre niveau de vie au futur revenu, et même se prendre d’avance pour partir une entreprise ou un projet rémunérant qui pourra se faire à temps partiel, idéalement de la maison.
Une fois à la maison commence la gestion familiale plus spécifique et il est bon de continuer à avoir un horaire pour nos tâches, même s’il est super flexible, pour ne pas se prendre dans une routine de « paresse » – on s’entend que prendre soin de notre enfant n’est pas paresseux mais il ne faut pas oublier les autres tâches d’entretien du milieu à faire. Il est aussi important de prendre soin à répondre à tous nos besoins et de rester connecté, avec d’autres parents à la maison par exemple, accompli, et bien.
En ce qui concerne ce qu’il faut faire en particulier, le choix est laissé libre à chacune des familles, qui sont les meilleurs juges. C’est même possible d’avoir un gardien rôle modèle à temps perdu, pour socialiser, s’amuser et apprendre si c’est ce que votre enfant souhaite, et vous donner plus de temps pour vous reposer ou faire un projet. Un seul conseil, il faut avoir du fun à la maison, c’est important. Pour certains c’est naturel – la liberté face au travail, la joie de son enfant, les petits moments de bonheur sont faciles à voir et apprécier. Pour les autres moins habitués encore, penser à sortir dehors pour s’oxygéner et prendre de la vitamine D au soleil, faire des activités inhabituelles comme manger de la pizza pour déjeuner, et essayer les jeux de vos enfants par exemple, vous pourriez être surpris du plaisir qu’on en retire. J’ai justement fait de l’escalade avec les miens ce matin et j’ai redécouvert comment c’est trippant. Être à la maison c’est profiter des moments magiques de la vie, je recommande de les noter, les vivre à fond – nous en prenons conscience et sommes fiers de ce que nous accomplissons.
Un choix bien, naturel et pour le bonheur de tous
En terminant je félicite tous les parents qui prennent la décision de rester à la maison. D’abord, vous faites ce qui a la possibilité d’être le mieux pour toute votre famille, vous y compris car on peut vraiment se réaliser de la maison. Faites-en l’essai pour voir, mais attention, l’essayer c’est l’adopter. Et c’est garanti que vous ne regretterez pas d’avoir vécu tous ces moments de tendresse, d’étonnement, et même de soutien alors votre enfant avait de la peine, même si plus tard vous décidez de retourner sur le marché du travail, car vous étiez là pour lui et vous avez fait de votre mieux pour lui donner le meilleur.
Soyez-en fiers!
D’abord publié sur le site archivé Parentalamaison.com, article extrait d’un livre en écriture Journal d’une maman à la maison
2 réponses sur « Qui sont les nouveaux parents à la maison? »
Merci pour ce très bel article !
J’aime beaucoup l’expression « Parent avec ses enfants » parce que non, nous ne sommes pas rivés au foyer…
Merci!